Hommage


Le texte qui suit, sous la plume de Michel Lespérance, rend hommage à Jean-Pierre Wallot qui a joué un rôle important tout au long de sa carrière à l'Université et dans l'exercice de ses fonctions à titre d'Archiviste du Canada

Le professeur Jean-Pierre Wallot est décédé le 30 août dernier. Il a été associé à notre université pendant plusieurs décennies. En effet, après ses études classiques au Séminaire de Valleyfield, Jean Pierre Wallot étudie l'histoire à l'Université de Montréal, où il obtient son doctorat en 1965 et y débute sa carrière de professeur. Il enseigne dans plusieurs universités, dont Toronto et Concordia, et travaille comme historien au Musée national de l'Homme, maintenant le Musée canadien des civilisations.

En 1973, il est promu professeur titulaire à l'Université de Montréal, qui lui confiera également d'importantes charges administratives : il sera ainsi directeur du Département d'histoire (1973-1975), vice-doyen aux études (1975-1978) et vice-doyen à la recherche (1979-1982) de la Faculté des arts et des sciences, ainsi que vice-recteur aux études de l'Université (1982-1985). Jean-Pierre Wallot s'est également impliqué dans diverses instances de l'Université dont l'Assemblée universitaire, le Conseil de l'Université, la Commission des études, le Conseil de la Faculté des études supérieures et la Commission des archives. Il présidera le Comité spécial sur les sciences religieuses et la théologie, jalon majeur au règlement de la question de la laïcisation de professeurs de la Faculté de théologie.

Son expérience ne se limite pas seulement à ses responsabilités universitaires. Ses recherches historiques lui permettent de donner plusieurs conférences et de publier de nombreux articles et monographies sur le Québec contemporain ainsi que sur l'économie et la société du Canada français entre 1760 et 1850. Il prend part aux activités de plusieurs organismes et présidera l'Institut d'histoire de l'Amérique française (1973-1977), l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (1982-1983), la Société historique du Canada (1982-1983), ainsi que l'Académie des lettres et des sciences humaines de la Société royale du Canada (1985-1987). En outre, il participe aux travaux de divers comités et commissions : mentionnons la Commission consultative des affaires universitaires du Conseil des arts (1973-1976), le Conseil de recherche en sciences humaines (1983-1984), la Commission canadienne d'examen des exportations de biens culturels (1981-1984) et la Commission des lieux et monuments historiques (1985-1997). L'École des Hautes études en sciences sociales à Paris le recevra une dizaine de fois entre 1975 et 1994 à titre de directeur d'études associé.

Toutes ces réalisations lui valent de nombreux prix et titres honorifiques, dont sa nomination comme Chevalier et Officier des Arts et des Lettres de l'Ordre national du Mérite (France) en 1988, l'Ordre du Canada (à titre d'Officier) en 1991, et des doctorats honorifiques de l'Université de Rennes 2 en 1987 et de l'Université d'Ottawa en 1996.

En 1985, au moment où se termine son mandat de vice-recteur aux études, il est nommé à la direction des Archives nationales du Canada. Il demeurera cependant étroitement lié à l'Université de Montréal, institution qui lui tenait tant à cœur puisqu'en tant que professeur associé au département d'histoire, il y assurera des enseignements jusqu'en 2009.

À titre d'Archiviste national, il verra à l'organisation du Congrès international des archives de septembre 1992. Il devient alors président du Conseil international des archives pour une période de quatre ans, période durant laquelle il sensibilise les collectivités à l'importance des archives. Il réussit ainsi à attirer l'attention de l'UNESCO et le président Frederico Mayor l'invite à présider le Comité consultatif international du Programme « Mémoires du monde », poste qu'il occupera de 1993 à 1999.

Après son départ des Archives nationales en 1997, Jean-Pierre Wallot, toujours fidèle à lui-même, n'a pas chômé. Il a présidé la Société royale du Canada de 1997 à 1999 et au moment de son décès, il était professeur invité à l'Institut d'études canadiennes de l'Université d'Ottawa et y poursuivait ses recherches en histoire. IL dirigea le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).

Il nous a semblé approprié de reproduire dans ce texte une partie du témoignage livré lors des funérailles de Jean-Pierre Wallot par M. Claude Minotto, ancien archiviste de l'Université : «  Mélange unique de raison et de passion, Jean-Pierre nous aidait à donner le meilleur de nous-mêmes et à nous dépasser. Il le faisait par l'exemple, mais aussi par l'écoute, par l'échange et le partage. Son action et son appui ont suscité et stimulé de nombreuses et belles carrières, illustrées par des contributions remarquables, aux effets pérennes, ici et à travers le monde…

À mes yeux, une des grandes réalisations sous la direction de Jean-Pierre symbolise l'ensemble de son œuvre et le représente comme leader et homme d'équipe. C'est effet ce magnifique centre de préservation des documents à Gatineau. À l'intérieur, le cœur de l'édifice, un cœur protecteur, comprend des voûtes de préservation des documents, tandis que l'enveloppe extérieure, largement vitrée, un peu comme les grandes lunettes rondes que Jean-Pierre portait depuis quelques années, évoque la transparence. On voit dans cet édifice une véritable ruche de travailleurs comme Jean-Pierre le fut toute sa vie, pratiquement jour et nuit. »

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