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Les médias ont largement diffusé et commenté la triste nouvelle du décès subit d'un « jeune » collègue survenu, à ce moment de sa vie où il se préparait à prendre sa retraite pour se consacrer davantage aux travaux de recherche qu'il menait avec ses étudiants.
André Bouchard, avec l'accord de Jean Drapeau, maire de Montréal et celui de la direction de l'UdeM a été recruté en 1975 pour agir à la fois comme Conservateur du Jardin botanique de la Ville de Montréal et comme membre du Département des sciences biologiques de l'UdeM.
Fort de l'expérience qu'il avait acquise dans le domaine de l'herborisation (à Terre-Neuve notamment) et détenteur d'un Ph.D. de la Cornell University, André Bouchard disposait des qualités nécessaires pour faciliter et à harmoniser les activités du personnel actif dans le domaine de la biologie végétale. Il a de ce fait pris à son compte la poursuite des objectifs chers au frère Marie-Victorin.
Et ce fut un succès! On n'en voudrait pour preuve que la création de l'Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) qui relève, tout à la fois du Jardin botanique et de l'UdeM et dont la réputation n'est plus à faire.
Je présente ci-après, avec permission gracieusement accordée par Gilles Vincent directeur du Jardin botanique, les propos éloquents qu'il signait pour insertion dans le site web de l'IRBV, dont André Bouchard fut l'un des principaux protagonistes lors de sa création.
« Montréal, le 5 mars 2010 – C'est avec énormément de tristesse que le Jardin botanique de Montréal et l'Institut de recherche en biologie végétale ont appris, hier en fin de journée, le décès subit d'André Bouchard, un très grand passionné du Jardin botanique. M. Bouchard était professeur titulaire au Département de sciences biologiques de l'Université de Montréal et chercheur à l'Institut de recherche en biologie végétale. »
« Né à Montréal en 1946, M . Bouchard est le conjoint de Cécile Fugulin et le père de Célinie (1980), d'Antoine (1983), et de François (1985) Fugulin-Bouchard. »
« M. Bouchard est détenteur d'un baccalauréat es arts du Collège Jean-de-Brébeuf de Montréal, d'un baccalauréat en sciences biologiques de l'Université de Montréal, d'une maîtrise en écologie de l'Université McGill (Montréal) et d'un doctorat en conservation des ressources naturelles de l'Université Cornell (Ithaca, New York). »
« André Bouchard, qui fût conservateur du Jardin botanique de 1975 à 1996, tout en cumulant ses fonctions de professeur-chercheur à l'Institut de recherche en biologie végétale, a été le grand responsable du retour en force de la mission de recherche au Jardin botanique, comme en témoigne d'ailleurs l'ouverture prévue cet automne du Centre sur la biodiversité au Jardin botanique de Montréal. Il fût également co-fondateur, en 1975, de la Société d'animation du Jardin et de l'Institut botanique (devenue Amis du Jardin botanique de Montréal en 1991) et brièvement directeur du Jardin botanique lors du départ de Pierre Bourque en 1994. Ses travaux de recherche sur l'histoire du Jardin botanique et du frère Marie-Victorin ont permis la publication de deux ouvrages, d'une exposition (présentement en cours dans les serres d'exposition) et d'une toute récente excursion botanique "Sur les traces de Marie-Victorin à Cuba" au bénéfice de membres des Amis du Jardin botanique de Montréal. »
« M. Bouchard fût un spécialiste de l'écologie des communautés végétales et du paysage, de l'aménagement du territoire, de la maîtrise intégrée de la végétation et de l'évolution des écosystèmes agro-forestiers péri-urbains. Ses travaux de recherche reconnus internationalement et ses très nombreuses publications scientifiques sur la végétation du sud-ouest du Québec et de Terre-Neuve lui ont valu, en 1990, le prix Michel-Jurdant en sciences de l'environnement, accordé par l'ACFAS et subventionné par Hydro-Québec. Rassembleur hors pair, formidable pédagogue et doté d'un dynamisme communicatif exceptionnel, il a dirigé plus de 45 étudiants à la maîtrise et au doctorat, devenant ainsi un modèle pour plusieurs générations de jeunes chercheurs et écologistes qui occupent aujourd'hui des postes aux niveaux gouvernemental, institutionnel ou universitaire. Par ailleurs, il laisse un héritage important, car plusieurs de ses étudiants occupent aujourd'hui des postes de professeurs dans des universités canadiennes, et sont donc en mesure de poursuivre son œuvre. »
« Il a publié " Journal de voyage en Chine. Une famille québécoise au Pays du Milieu ", aux éditions du Méridien en 1992, " Le Jardin botanique de Montréal, Esquisse d'une histoire ", avec la collaboration de Francine Hoffman, aux éditions Fides, en 1998, et " Marie-Victorin à Cuba. Correspondance avec le frère Léon ", aux Presses de l'Université de Montréal, en 2007. »
« Il fût vice-président du conseil d'administration de l'Hôpital Sainte-Justine (CHU-Sainte-Justine), de 1995 à 2004, et l'un des six commissaires de la Commission d'étude scientifique, technique, publique et indépendante, chargée d'examiner la gestion des forêts du domaine de l'État (Commission d'étude sur la gestion de la forêt publique québécoise), présidée par M. Guy Coulombe. Les travaux se sont échelonnés sur un an et le rapport a été remis en décembre 2004. »
« En 2005, l 'ABQ (Association des biologistes du Québec) lui a décerné le prix Georges-Préfontaine. »
« En 2006, le Conseil municipal de la Ville de Montréal l'a nommé, pour un mandat de deux ans, sur le Conseil du patrimoine de Montréal (vice-président pour 2007, 2008 et 2009). »
« Il laisse dans le deuil sa famille, ses amis, ses nombreux collègues, chercheurs et étudiants. Le Québec perd également un citoyen très engagé dans la préservation des écosystèmes. M. Bouchard s'est fait notamment connaître dans plusieurs luttes, dont la sauvegarde de la forêt de Saraguay à la fin des années 1970, qui mena à la création des Parcs-nature à Montréal, ainsi que pour la protection de plusieurs autres sites naturels, principalement dans le sud-ouest du Québec. »
À n'en pas douter, André Bouchard – à l'instar de son idole et maître à penser – a joué un rôle de pionnier dans la mise en valeur de la biologie végétale tant par la qualité de ses travaux de recherche, par l'encadrement de haute qualité qu'il a fourni à ses « disciples » et par le leadership qu'il a manifesté tout au long de sa carrière.
Je conserve précieusement le souvenir d'André Bouchard, botaniste hors classe et attachant collègue, à qui j'eus la mission, à titre de vice-recteur à la planification, d'offrir la possibilité de relever un défi de taille qu'il était alors urgent de résoudre dans le domaine de la botanique.