Nouvelles de l'APRUM : 1er Octobre 2013
LETTRE DU PRÉSIDENT
Gilles Rondeau
Plus nombreux les professeurs retraités!
Le 11 septembre dernier, 45 personnes (membres de l'APREs et leur conjointe) ont participé à la 3e journée annuelle de l'association des professeurs retraités de la Faculté de médecine vétérinaire. Cette journée s'est déroulée au site enchanteur de l’Union Québécoise de Réhabilitation des Oiseaux de Proie (UQROP) à Saint-Jude. Diane Blais représentait le doyen et Jacques Boucher, l’APRUM.
Lorsque l’on prend connaissance du nombre de décès qui surviennent chez nos collègues retraités, on pourrait croire que les effectifs se réduisent. Cette impression est d’autant magnifiée lorsqu’on porte le regard sur les collègues de son propre groupe d’âge dont on voit les rangs s’éclaircir au fil des années. Ils nous quittent, nous laissent en effet les uns après les autres mais nous ne nous retrouverons pas seuls.
En effet, cette impression que nous retraités sommes « de moins en moins nombreux » est trompeuse car dans les faits le nombre de professeurs d’université retraités est en hausse. Et ça ne fait que commencer. Deux phénomènes sociaux sont en cause et agissent de façon conjuguée.
Le premier estcelui du vieillissement de la population. D’une décennie à l’autre on constate que les gens meurent à un âge plus avancé. C’est grâce aux progrès réalisés en santépublique, entre autres au niveau de l’acquisition de saines habitudes de vie, et aux avancées de la science par la recherche clinique et les nouvelles technologies que l’espérance de vie s’accroît. Qui plus est, l’écart entre les hommes et les femmes à cet égard tend à se rétrécir. « Les nouvelles données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) montrent en effet qu'en 2012, l'espérance de vie à la naissance au Québec s'établit à 79,8 ans chez les hommes et à 83,8 ans chez les femmes. L'Institut, souligne que la durée de vie moyenne des Québécois demeure l'une des plus élevées au monde. Les gains récents de l'espérance de vie à la naissance sont surtout attribuables à la baisse de la mortalité entre 60 et 90 ans. Cela se traduit par une croissance très soutenue de l'espérance de vie à 65 ans, particulièrement chez les hom-mes. » (La Presse 14 mai 2012). Et parmi les divers groupes de la population, ceux constitués de gens fortement scolarisés atteignent des résultats encore meilleurs selon l’Indice du développement humain des Nations Unies. Or les professeurs d’université font évidemment partie de ce sous-groupe.
Le second phénomène c’est le développement considérable qui a marqué nos universités au cours des derniers 50 ans. Le choix du Québec de s’inscrire dans la société du savoir et de favoriser l’accès de ses jeunes aux études supérieures s’est traduit par une augmentation importante du nombre de professeurs d’université. Pour l’ensemble des 12 universités du Québec nous sommes passés de 8 347 professeurs réguliers à temps complet en 1990-1991 à 9 629 professeurs réguliers à temps complet en 2009-2010 (CREPUQ). Pour l’Université de Montréal seulement, (incluant Polytechnique et HEC et excluant les chargés de cours et professeurs de clinique) nous sommes passés entre 2005 et 2012 de 2 374 à 2 600 professeurs et chercheurs universitaires plein temps, une augmentation de 236 (Rapports annuel de l’UdeM). Malgré les coupures et restrictions, nous sommes toujours en expansion et ce n’est pas près de se terminer si on considère tous les projets récents et en développement : Campus Laval, nouveau CHUM, École de santé publique au centre ville, Campus des sciences à Outremont.
L’Université, c’est vraiment ce qui permet à nos jeunes d’acquérir les connaissances et de se former, aux sciences et technologies de se développer, à nos sociétés d’affronter les défis dans tous les domaines. Pour ce faire il nous faut de plus en plus de professeurs qualifiés et de chercheurs.
Forcément, tous ces professeurs qu’on a engagés et qui font carrière ou qu’on s’apprête à recruter, arriveront à la retraite un jour ou l’autre et viendront augmenter le contingent des retraités. L’impact de ces phénomènes sur notre société est important et touche plusieurs aspects. Pour notre association cela signifie entre autres que nous ne sommes pas prêts à manquer de nouveaux membres à recruter et servir. Cela signifie aussi que nos membres resteront plus longtemps avec nous et que leurs besoins seront différents selon leur groupe d’âge. En termes d’âge, l’étalement actuel de nos membres va du « jeune retraité » de moins de 70 ans au « retraité aîné » de 90 ans et plus. Nous en avons déjà une dizaine de ces derniers dont deux qui passeront dans le club des centenaires l’an prochain. On s’en reparlera alors.
Gilles Rondeau
Président de l'APRUM
Midi-conférence le mardi 15 octobre par Arnaud Sales, sociologue : « Réseaux et transformations sociales : enjeux et rivalités »
L’APRUM vous convie à sa première midi-conférence de la saison au restaurant « Le Paris Beurre », 1226 Van Horne, Outremont H2V 1K3 (métro Outremont), le mardi 15 octobre prochain à midi. Le conférencier invité sera le sociologue Arnaud Sales.
Professeur émérite de l’Université de Montréal, ancien vice-doyen de la FÉS et directeur du département de sociologie, Arnaud Sales est un universitaire reconnu internationalement dans le monde de la sociologie. Spécialisé en sociologie économique il est l’auteur et l’éditeur de nombreux livres et écrits scientifiques sur l’interface des champs sociaux, économiques et politiques, sur les élites, sur les transformations sociales. Il a entre autres présidé le Conseil de la recherche de l’Association internationale de sociologie pendant quatre ans. Il vient de publier chez Sage, le livre « Sociology Today : Social Transformations in a Globalizing World ». Ce recueil d’articles traite des grands changements, qui de manière de plus en plus marquée, turbulente et incessante affectent nos vies comme individus, familles, communautés, organisations, états, et réseaux internationaux.
Selon Arnaud Sales, les transformations sociales qui sont souvent des processus de déstructuration et de restructuration mettent en jeu des acteurs sociaux, des conceptions et des pratiques souvent rivales. Dans de nombreux domaines et situations, les objectifs de changement vont bien au-delà des possibilités d'un individu ou d'une grande organisation. Il est indispensable alors de constituer un réseau d'acteurs sociaux (individus associés à des organisations) pour promouvoir une nouvelle façon de faire les choses, une nouvelle vision du monde, et potentiellement changer le monde social.
« Dans cette présentation, je montrerai comment a triomphé en Amérique du Nord, le réseau Auto-Caoutchouc-Pétrole, tenant des bus, des autos et des routes sur le réseau rival Charbon-Électricité-Fer, tenant des tramways et des chemins de fer. Notre civilisation matérielle a été profondément affectée par le modèle privilégié et les intérêts en jeu. Il en est résulté, groupant des millions d'adeptes, une immense structure, elle aussi en réseau, continuellement en mouvement, toujours en extension, malgré son rôle dans la crise du réchauffement climatique. »
Pour prendre part à cette activité, nous vous demandons de réserver votre place car « Le Paris Beurre » veut connaître à l’avance le nombre de personnes présentes afin de bien planifier la préparation des repas.
Réserver est facile et deux moyens fort simples de le faire sont à votre disposition.
* Le premier est l’envoi d’un courrier électronique à aprum@assoc.umontreal.ca .
* Le second est de laisser un message au 514 343-7635, la boîte vocale de l’APRUM.
Dans les deux cas le contenu du message est le même, à savoir : « Je m’appelle XYZ ABC et je serai présent au repas du 15 octobre ». Vous avez jusqu’au jeudi midi 10 octobre pour faire votre réservation.
On vous accueillera avec grand plaisir!
Gilles Rondeau
Responsable des midi-conférences
Assurance-santé de la Croix Bleue : enfin des mesures qui favorisent une réduction du papier
Il y a plusieurs années que les représentants de l’APRUM demandent à la Croix Bleue d’utiliser davantage l’électronique afin de préserver l’environnement. Jusqu’ici on nous répondait que les programmes existants ne permettaient pas de le faire. Récemment cependant, on a joint un feuillet à l’envoi des chèques de remboursement qui explique qu’il est dorénavant possible de soumettre sa prochaine demande de règlement à partir de son téléphone intelligent.
Ceux et celles qui n’ont pas de téléphone intelligent peuvent toutefois utiliser leur ordinateur et s’inscrire au site des adhérents pour soumettre leurs demandes de règlements électroniques. Il s’agit d’un site sécurisé où vous pouvez accéder à l’historique de vos demandes de règlement, connaître l’admissibilité d'un produit ou service particulier et faire votre inscription en ligne pour le dépôt direct du remboursement de vos demandes de règlement.
Voilà un progrès notable attendu depuis longtemps.
Gilles Rondeau et Marcel Lajeunesse
représentants l’APRUM dans ce dossier.
Prochaines activités de l’APRUM à inscrire à votre agenda
Le 12 novembre prochain, la personne invitée à la midi-conférence de l’APRUM est la vice-rectrice aux ressources humaines et à la planification, Anne-Marie Boisvert. Elle traitera du maintien des liens entre l’Université et les professeurs retraités. Plus de détails dans notre édition du mois prochain.
Le mardi 3 décembre prochain est un jour festif, soit celui du dîner de Noël de l’APRUM. On s’en reparle au prochain numéro.
Vos coordonnées (adresse, téléphone, adresse courriel…) changent?
Envoyez un message à aprum@assoc.umontreal.ca
Ou laissez un message au 514 343-7635
APRUM
Université de Montréal
C.P. 6128, succ. centre-ville
Montréal (Québec)
H3C 3J7
Messages du trésorier Jean-Robert Derome
Opération renouvellement
Nous avons décidé d’envoyer un avis de renouvellement de cotisation pour 2013-2014 à toutes les personnes qui ne sont pas en règle avec la trésorerie. Si vous recevez vos documents APRUM par courrier cet ajout est joint au présent envoi. Si vous recevez vos documents électroniquement l’avis vous sera expédié par courriel.
Les envois par courrier électronique
Plusieurs collègues reçoivent maintenant la documentation de l'APRUM par courrier électronique. Si ce n'est pas encore le cas pour vous et que vous voulez faire de même, communiquez avec nous par téléphone au 514 343-7635 et laissez un message ou envoyez-nous un courriel à l'adresse suivante aprum@deromelyons.ca
avec copie à : aprum@assoc.umontreal.ca
Notices nécrologiques
Hommage au Docteur Michel Fontaine (1947-2013)
« Le bonheur, c'est reconnaître que le négatif
existe mais, décider de ne pas lui ouvrir la
porte. » Anonyme
Voilà une pensée qui décrit parfaitement ce que fut Michel Fontaine durant son parcours terrestre. Un homme d’une grande simplicité, doté d’un sens de l’humour discret, mais toujours très respectueux de son entourage!
Il est décédé le 17 août 2013 à l’âge de 65 ans. Né à Granby, le 27 septembre 1947, c’est à Acton Vale que Michel a grandi et fait ses apprentissages, d’abord à l’école primaire du 4è rang, puis au collège St-André du même endroit. Après une 12è année scientifique à Drummondville, ce fut la belle aventure de la médecine vétérinaire à St-Hyacinthe où il obtint son diplôme en 1970.Tous ceux qui lui ont enseigné ou l’ont fréquenté alors, se souviennent d’une personne possédant une intelligence supérieure qui le fit remarquer au niveau facultaire. Un tel talent put alors s’épanouir pleinement par des études à la maîtrise au deuxième cycle, sous la direction du Dr André Lagacé puis, au doctorat, troisième cycle, à l’Université de Guelph, sous la direction du Dr. Ted Valli. Ce fut alors un retour à son Alma Mater en 1975, afin d’initier, ce dont il rêvait, une longue carrière professorale.
C’est à partir de ce moment que tous ont pu réaliser pleinement la formation exceptionnelle de Michel dans le domaine de la pathologie clinique. Doté d’une grande facilité de synthèse, ainsi que d’un esprit pratique et de discernement exceptionnels, son jugement médical était réconfortant et d’une aide très importante aux professeurs en clinique. Il fut en réalité un de ceux qui ont donné naissance à la pathologie clinique moderne à la Faculté de médecine vétérinaire. Son influence fut importante, car il occupa le poste de directeur au département de pathologie et microbiologie.
Doté d’une grande patience et d’un calme proverbial, Michel était toujours disponible et très apprécié des étudiants et du personnel. Il avait une capacité de travail exceptionnelle et une grande énergie qui lui permirent de développer aussi ses habiletés d’homme d’affaires par la mise sur pied d’un service de laboratoire de diagnostic qu’il opéra durant de nombreuses années et qui fut très apprécié des collègues praticiens.
Malheureusement, la vie allait mettre sérieusement à l’épreuve les capacités physiques de Michel. Le diabète lui occasionna la perte de ses deux reins et il vécut constamment avec la dialyse durant une grande partie de sa vie. La maladie le ralentit au point où elle mit fin prématurément à sa carrière professorale.
Durant toutes ces années d’épreuves il garda un moral exemplaire et toujours sa bonne humeur proverbiale. Très lucide jusqu’à la fin, il acceptait son sort et appréciait ce qu’il avait reçu de la vie. Il parlait avec fierté de ses enfants et petits-enfants pour lesquels il était très protecteur. Moi qui le côtoyais, j’ai toujours été mpressionné par son courage exceptionnel. Tu nous manqueras, Michel!
Marcel Marcoux,
Faculté de médecine vétérinaire
pour l’Association des professeurs retraités de la Faculté de médecine vétérinaire
Hommage au professeur émérite Jacques Henripin (1926–2013)
On ne peut pas surestimer l'importance de Jacques Henripin pour la démographie québécoise. Si on ne peut pas affirmer qu’il fut le premier démographe à travailler sur le Québec, il a été certainement le plus influent du XXe siècle.
Il a reçu son doctorat en sciences économiques à Paris en 1953, avec une thèse rédigée sur la fécondité en Nouvelle-France. En 1965, il fonda le Département de démographie avec l'appui de ses collègues Jacques Légaré et Hubert Charbonneau, et il le dirigea jusqu’en 1973. Ce département reste le lieu universitaire de recherche démographique le plus important au Canada, et jouit d’une excellente réputation au plan international. Il joua un rôle central dans la formation d'un grand nombre de démographes au fil du temps, dont deux personnes qui ont longtemps travaillé avec lui sur les comportements de fécondité et la famille, Évelyne Lapierre-Adamcyk et Nicole Marcil-Gratton. Ses anciens étudiants ont et continuent à faire leurs marques dans les domaines de la recherche et des politiques au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde.
L’étude de la fécondité au Québec – les tendances, les déterminants, et ses relations avec l'évolution de la famille québécoise – l’a passionné tout au long de sa carrière. Le titre de son livre publié en 1989, Naître ou ne pas être, décrit très clairement ses inquiétudes en ce qui concerne la chute rapide de la fécondité dans la province. Ses intérêts de recherche n’étaient pas limités à ces sujets; ses autres études portaient sur des questions démo-linguistiques, sur la transition démographique à travers le temps et, plus récemment, sur le vieillissement de la population québécoise – phénomène directement attribuable à la baisse de la fécondité au cours des derniers soixante ans. Tous ces sujets ont des répercussions très conséquentes pour la société québécoise, et Jacques Henripin a été un des grands pionniers dans ce domaine – il avait à cœur l’importance de la recherche sur ces grands enjeux démographiques de société et les politiques nécessaires pour y faire face. Parmi ses nombreuses distinctions, il a été membre de la Société Royale du Canada (qui lui a discerné le prix Innis-Gérin en 1971) et président de la Fédération canadienne de démographie (1978-1982).
Si ses recherches furent faites de manière scientifique et rigoureuse, dans ses interventions publiques et dans ses relations avec ses collègues, Jacques Henripin aimait parfois être plus provocateur, poussant les gens à défendre les positions qu'il trouvait contestables. Il défendait une conception large de la démographie à l’instar d’Alfred Sauvy, son directeur de thèse. Les phénomènes de population sont d'une importance centrale pour l'avenir du Québec, et il demanda aux démographes d'assumer pleinement leur rôle pour l'analyse de ces phénomènes, faisant autant appel aux enseignements tirés d'autres disciplines de sciences sociales que des méthodes d'analyse démographique.
Il n’est pas exagéré de dire que les forces actuelles du département découlent en grande partie des initiatives de Jacques Henripin et, dans un certain sens, nos réalisations actuelles reflètent la pérennité de ses travaux et de son génie. Pour comprendre les phénomènes démographiques et les grands enjeux de société, la démographie a besoin de plus de personnes comme lui : un homme intègre, rigoureux, passionné, provocant et plein d'humour.
Thomas LeGrand
Directeur, Département de démographie