Université de Montréal

Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal



GRAINS DE SAGESSE

 

Décembre 2004, numéro 9

Un souvenir parmi tant d'autres : Léon Lortie (1902-1985)

L'âge aidant, les fêtes du 125e anniversaire de l'université ont remué bien des souvenirs. Disparus déjà : tant de professeurs, tant d'étudiants et tant de personnes reliées directement à l'université! Lors de cette fête particulière et sagement orchestrée en l'honneur des survivants (avril 2004), tout à coup, mais pour quelle raison? je me suis souvenu d'un collègue disparu depuis deux décennies. Je l'ai connu alors qu'il était Secrétaire général de l'université, de 1962 à 1967, et comme tel obligé de rédiger mémoires sur mémoires. Cet ancien du célèbre collège Sainte-Marie est à l'université depuis 1931, il est professeur de chimie inorganique et s'apprête à enseigner l'histoire des scien-ces. En 1952, l'université le mandate pour créer un service d'éducation permanente et peu à peu naît la Faculté de l'éducation permanente.

Chaque époque à ses mentors. Pour nous, jeunes professeurs, Léon Lortie représentait une certaine forme de service inconditionnel à l'institution ainsi qu'une manière d'être savant tout en étant relié à la formation dite classique. Il convient de se rappeler qu'à la même époque encore, l'Université de Montréal est à bien des égards une très jeune institution. Avec des parcours administratifs plus intimistes. Campus à taille réduite, moins d'étu-diants. Moins de professeurs. Moins d'édifices, forcément moins de dossiers. Partout où il est, là où il va, le Secrétaire général représente pour nous la générosité et le service adapté. Bienveillant de nature, serviable, souriant, d'une mémoire prodigieuse, volubile, il est connu à travers la Province en tant que diffuseur de la culture scientifique. Conférences, cours, présence à la Radio-collège. Tout le monde sait que le professeur Lortie est aussi un grand ami des arts et de la musique. Dans les années 1940, question d'un petit surplus pour subvenir aux besoins de sa famille qu'il vénère, il va jusqu'à chanter les messes en grégorien à l'église du coin, le matin, avant l'heure des cours. On a dit que le fait de chanter avant les cours le prédisposait encore davantage à mieux discourir…
Oh! je comprends maintenant ce détour de ma mémoire ce jour de fête à l'amphithéâtre de mon université. La mémoire est forcément sélective. Le souvenir subit du professeur Lortie symboliserait celui de tous ceux et de toutes celles qui durant ces 125 ans ont littéralement donné leur vie à cette honorable institution, assez unique en son genre, il faut le dire. Née au Moyen Âge, créée en milieu urbain, l'Université est depuis ses débuts intergénérationnelle, toute portée vers l'avenir des communautés qu'elle sert. La suite est connue : les gouvernements passent, l'Université demeure. Des étudiants il y en aura toujours. Sans eux, pas d'Université. Sans recherche, sans enseignement, pas de savoir durable. Léon Lortie le savait… et nous l'apprenait.



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