Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Grains de sagesse
Été 2004, numéro
8
Chronique de l'Université
Le second trimestre
de l'exercice en cours — tout comme le précédent d'ailleurs — a été riche en événements et en activités qui n'ont pas manqué d'interpeller l'Université tant dans le cadre général de ses activités que dans celui, à mille facettes, de ses composantes sectorielles. D'entrée de jeu, il convient de signaler l'omniprésence — servant de toile de fond aux activités coutumières — des événements associés au 125e anniversaire de la création de l'Université de Montréal. Dans un texte qu'il signe ci-après, le collègue Jacques Boucher brosse une large fresque des célébrations qui, tout au long de l'année, ont jalonné la vie universitaire. Dans les paragraphes qui suivent, je ne commenterai que les plus importants dossiers parmi ceux qui ont retenu l'attention de la communauté universitaire.
La question du financement de l'Université de Montréal, source intarissable de soucis pour les gestionnaires en cause, est devenue davantage préoccupante du fait que le plan triennal de réinvestissement du gouvernement dans les universités s'est terminé au printemps 2003. Le financement de l'année budgétaire courante en a été gravement affecté notamment par l'importante compression (68M $) apportée à l'enveloppe de l'ensemble des universités. Dans ces circonstances, la situation budgétaire, telle qu'appréhendée pour l'exercice 2004-2005, ne peut être, au mieux, que celle d'une reconduction des conditions qui ont prévalu pour l'exercice 2003-2004. Toutefois, dans la préparation de ce budget, l'Université s'est placée dans la perspective de la relance des investissements universitaires qui devrait découler des travaux de la Commission parlementaire sur la qualité, l'accessibilité et le financement des universités. Grâce à la modulation ciblée des compressions s'appliquant à quelques situations particulières, il a été possible de procéder à des allocations prioritaires pour certains éléments tels le recrutement de professeurs pour un ajout net de 65 postes et l'addition de sommes importantes (0,5M $ chacune) au budget des bibliothèques et à celui des bourses aux étudiants des cycles supérieurs.
Il est bien dommage que les travaux de la Commission parlementaire n'aient permis ni de résoudre dans l'immédiat le grave problème du sous-financement des universités ni de convenir des étapes d'une réforme susceptible d'y parvenir. Le débat sur les droits de scolarité, proposé par le recteur Lacroix, n'a pas eu lieu en vérité. En effet, l'avenue susceptible de mener à un déblocage était au départ interdite d'accès. Et pourtant, l'idée d'une contribution financière plus importante de la part de ceux et celles qui bénéficient en tout premier lieu du fruit de leurs études n'est pas dépourvue de sens, bien au contraire, comme le démontrent les décisions prises ailleurs dans le monde universitaire. Continuerons-nous au Québec d'être les seuls à refuser une plus équitable répartition du coût des études universitaires entreprises par ceux et celles qui prendront la relève et qui en profiteront?
La récente campagne Un monde de projets a remporté un succès exceptionnel puisque 218M $ ont été recueillis alors que l'objectif initial était de 125M $. D'autres tribunes ont déjà fait état des caractéristiques de cette réussite qui se concrétise, notamment, sous la forme d'édifices dont le parachèvement permettra, d'ici quelques mois, d'accueillir à la fois les équipes de fort calibre : professeurs, chercheurs et étudiants qui œuvreront à la fine pointe des recherches menées dans les secteurs ciblés et les chaires qui les encadreront.
Dans un tel contexte, l'affirmation « L'Université fait face à un sérieux problème d'espace » semble relever de la catégorie des canulars; mais, pourtant, elle témoigne d'une dure réalité. En effet, les augmentations annuelles des inscriptions étudiantes ont induit au cours des années, un tel besoin d'espaces nouveaux que l'Université a dû tout récemment procéder à l'acquisition du grand édifice sis au 1420 boulevard Mont-Royal, propriété de la Congrégation des Sœurs des saints noms de Jésus et de Marie. Au surplus, le problème de l'insuffisance des espaces se double de celui du sous-financement endémique de l'entretien des lieux. La mise en disponibilité des édifices récemment acquis ou en voie de parachèvement ajoutera sa contribution aux difficultés issues du fait que le financement de l'entretien de ces édifices ne sera pris en compte que deux ans après leur prise de possession par l'Université.
En prévision de la fin du mandat (31 mai 2005) du recteur Robert Lacroix, l'Assemblée universitaire (AU) a mis en branle la procédure statutaire devant mener, suite aux consultations appropriées, à la nomination d'une personne pour prendre la relève. Le Comité de consultation, présidé par madame Irène Cinq-Mars doyenne de la Faculté de l'Aménagement, a déjà fait part à l'AU « des cinq critères qu'il a arrêtés pour le choix du prochain recteur. La crédibilité du candidat, son leadership mobilisateur, son expérience en gestion stratégique, sa capacité de promouvoir l'Université et son ouverture au pluralisme ont été retenus » (citation tirée du texte de madame Paule des Rivières paru dans FORUM). L'importance des enjeux en cause n'échappe à personne. L'Université a acquis, au cours des dernières années, le statut de grande université d'enseignement et de recherche et son prestige est largement reconnu internationalement. Le principal responsable de la direction de l'établissement devra donc être à la hauteur des aspirations collectives. Dans la formulation de son avis au Conseil de l'Université, le Comité prendra en compte les avis exprimés à l'interne et les suggestions faites par la firme d'experts en recrutement de cadres retenue pour ce faire. Il sera utile que l'expérience acquise par les membres de l'APRUM au cours de leur carrière soit portée à l'attention du Comité.
Vous aurez sans doute noté que la saga de l'hôpital universitaire (CHUM) — dont l'origine remonte à la conception même du pavillon Roger-Gaudry selon laquelle toute la partie ouest de l'édifice devait être réservée pour ledit hôpital — continue de s'enrichir d'éléments épisodiques dont la logique sous-jacente échappe à tout esprit le moindrement affûté. Et pourtant, la société réclame que l'Université de Montréal, sa faculté de médecine et ses composan-tes hospitalières assument pleinement leurs responsabilités. Au moment où la faculté de médecine prend les moyens de former un plus grand nombre de médecins, ne serait-il pas urgent de lui fournir — via la solution du problème de son CHUM — les moyens qu'exige la pratique d'une médecine digne du 21e siècle? Il y va de la qualité même de l'encadrement des étudiants en milieu hospitalier et du maintien de l'excellence des travaux de pointe qu'on y poursuit.