Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Grains
de sagesse
Décembre 2003, numéro
7
La retraite :
libération? marginalisation?
Les paragraphes qui
suivent se proposent d'éclairer certains éléments
associés au point tournant de la vie universitaire que constitue le
départ à la retraite. Le passage du statut de membre actif d'une
collectivité à celui de retraité constitue une étape d'importance
majeure dans la vie de toute personne suffisamment lucide pour en percevoir
l'existence. Cette étape, que l'on traverse avec une dose
de sérénité dont l'ampleur dépend généralement
des efforts déployés pour s'y préparer, détermine
un « point singulier » dans l'évolution de la carrière
de tout universitaire. Ladite singularité prend une allure qui dépend
tout autant du tempérament de la personne en cause que des particularismes
inhérents au domaine dans lequel se sont déroulées les
activités universitaires. Il n'en demeure pas moins que le départ à la
retraite est potentiellement porteur de traumatismes dont la sévérité dépend
en grande partie de l'ampleur de la solution de continuité entre la
nature des activités de l'avant retraite et celle de l'après
retraite. Force est de constater que la variété des façons
différentes de « vivre sa retraite » est fort impressionnante
et mérite d'être explorée, du moins en première
approximation. Voyons voir.
Quelques collègues, pas nombreux à vrai dire, acceptent avec
enthousiasme le statut de retraité qui leur permet de changer résolument
de cap et d'investir largement dans des secteurs négligés ou
non sérieusement explorés jusqu'alors. Dans ce cas, le passage à la
retraite laisse peu de place aux éventuels regrets ou aux traumatismes
durables. D'autres collègues, peu nombreux également, se situent à l'autre
bout du spectre et n'arrivent que difficilement (et bien tardivement d'ailleurs) à accepter
l'idée de se retirer de la vie active. Plus généralement,
le passage à la retraite est, à la fois, une source de compensations
intéressantes : charge de travail amoindrie, disponibilité nouvelle
ou accrue de créneaux d'activités à développer
(voyages, lectures, pratique des sports, intensification des activités
professionnelles, etc.) et une source de traumatismes alimentée, notamment,
par le sentiment d'être devenu « marginal » ou par l'amenuisement
des ressources antérieurement disponibles (espace de bureau, travaux
de secrétariat, etc.).
Toutes choses étant égales par ailleurs, il semble que, après
la retraite, la continuation d'activités universitaires soit plus facile
(ou plus naturelle) dans le cas des collègues dont la carrière
a été marqué au coin de la « plume ». Il pourrait
en être de même pour les collègues dont l'ordinateur constitue
le moyen usuel de travail. Dans un autre contexte, il semblerait, à première
vue, que les collègues des secteurs professionnels soient privilégiés
du fait qu'il leur est généralement possible de conserver, hors
les murs, des activités dans leur domaine.
En bref : on peut
certes « broder » sur ce sujet ad nauseam; mais
qu'en est-il dans la réalité? Comment les collègues ont-ils
vécu la phase de transition? Quels sont leurs sentiments une fois la
retraite bien engagée? Le texte qui suit, de la plume d'un collègue,
se veut le témoignage d'une réalité : la sienne. Ne serait-il
pas intéressant que ce texte suscite des exposés du même
genre et que, via le site web de l'APRUM, la collectivité puisse en
tirer profit?