Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Grains
de sagesse
Décembre 2003, numéro
7
Chronique de l'Université
Dans
le cadre des événements traditionnels de la rentrée
d'automne dont fait partie intégrante l'allocution annuelle du recteur à l'Assemblée
universitaire, Robert Lacroix a présenté un bilan bien documenté des
activités qui se sont déroulées et des gestes qui ont été posés
au cours du quinquennat 1998-2003; de plus, il a fait état des actions
prioritaires pour la période 2003-2005. Cependant, et avant d'aborder
l'essentiel de son propos, le Recteur a tenu à rappeler le fait que
l'Université commémore cette année le 125e anniversaire
de sa création et que, dans le cadre des célébrations
qui ont cours, le magnifique pavillon conçu par l'architecte Ernest
Cormier sera, d'ici peu de temps, connu sous le nom de pavillon Roger-Gaudry.
Voilà une excellente nouvelle que la communauté universitaire
saura apprécier!
Bilan du mandat 1998-2003
Le bilan, présenté par le recteur Lacroix, témoigne éloquemment
du dynamisme manifesté par chacune des composantes de la communauté universitaire.
Les données pertinentes étant disponibles ailleurs (iFORUM, Secrétariat
général, site web de l'Université, …) il suffit d'en rappeler
ici, et fort succinctement, les principaux éléments.
Population étudiante. Une augmentation de 5 421 étudiants (23,3%)
a été réalisée.
Corps professoral. Une augmentation nette de 133 postes grâce à l'engagement
de près de 360 enseignants.
Fonds
de recherche. L'enveloppe est passée de 146M $ à 283M
$.
Chaires de
recherche du Canada (CRC). L'Université a comblé 53
chaires (sur les 54 demandes formulées) pour un budget récurrent
de 8,7M $ auquel s'ajoute une contribution (16,6M $) en provenance
de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) pour soutenir les
infrastructures de ces
chaires.
Un
monde de projet. Le succès phénoménal de la plus récente
campagne de financement (plus de 200M $ recueillis) contribue significativement à l'accession
de l'Université de Montréal au rang de grande université de
recherche (première au Québec et deuxième au Canada). Les
constructions en cours et l'aménagement prochain de pavillons à forte
vocation de recherche suscitent beaucoup d'intérêt. Les conditions
globales sont telles qu'il est maintenant possible de procéder au recrutement
par grappes des équipes de chercheurs de haut prestige pour nantir les
nouveaux centres.
Les priorités
d'action 2003-2005
Au cours des deux prochaines
années, le recteur Lacroix, avec l'appui
de son équipe, compte tout d'abord poursuivre les objectifs définis
antérieurement dont, notamment, la mise en valeur du potentiel de recherche
qui se manifestera dès la mise en opération des édifices
en voie de parachèvement, la gestion de la hausse anticipée des
effectifs étudiants, surtout dans le domaine de la santé, et
la poursuite des efforts pour combler la centaine de postes d'enseignants encore
vacants à ce jour. Parallèlement, il compte mettre vigoureusement
l'accent sur deux objectifs qu'il privilégie tout particulièrement, à savoir :
l'intensification du développement du secteur Lettres et sciences
humaines et le resserrement et la consolidation des activités
de formation dans le secteur Sciences de la santé. Voyons voir.
Lettres
et sciences humaines
De façon à hâter la mise
en application des recommandations du rapport Duchesneau relatif à ce
secteur, Robert Lacroix annonce la constitution d'un Fonds de relance (2,5M $
sur cinq ans) susceptible de contribuer à la poursuite des objectifs
fondamentaux que sont, d'une part, l'augmentation de la fréquentation
des programmes d'études surtout aux cycles supérieurs et, d'autre
part, le regroupement des chercheurs autour d'axes d'expertise identifiés.
La poursuite de ces objectifs sera grandement facilitée par l'agrandissement
projeté de la bibliothèque BLSH. Il s'agit d'un édifice
de 6 000m2 (nets) qui pourrait loger le Centre de conservation des collections
de livres rares et des collections spéciales. La bibliothèque
ainsi agrandie deviendrait un lieu de formation, d'animation et de rayonnement
pour tout le secteur.
Sciences
de la santé
L'Université, déjà massivement
présente dans ce secteur, entend poursuivre avec vigueur l'objectif
d'endiguer la pénurie appréhendée de professionnels de
la santé. De plus, elle se propose de regrouper les activités
de recherche et de formation touchant les dimensions organisationnelles, sociales
et évaluatives de sous-secteurs contigus tels : administration de la
santé, organisation et gestion des services de santé, médecine
sociale et préventive, santé environnementale et santé au
travail, etc. Le pavillon 1420 Mont-Royal, récemment acquis de la Congrégation
des sœurs des saints noms de Jésus et de Marie, permettra les regroupements
souhaitables et facilitera les échanges interspécialités.
Que
réserve l'avenir?
L'enthousiasme engendré par les réalisations et les perspectives
esquissées plus haut risque d'être affecté par les modalités
selon lesquelles se poursuivra le financement de l'enseignement supérieur
par le gouvernement du Québec. Je choisis deux exemples pour illustrer
mon propos. Les difficultés financières appréhendées
pourraient certes affecter le niveau et la qualité des activités
de l'Université; en effet, un signe précurseur ne se manifeste-t-il
pas déjà dans le fait que l'établissement, qui vient tout
juste (31 octobre) d'être informé de l'enveloppe accordée
pour l'exercice 2002-2003, est encore dans l'attente d'une décision
relative à l'exercice en cours lequel a débuté le 1er
juin dernier! Ce qui plus est, comment l'Université dans ce contexte
peut-elle définir le cadre dans lequel elle inscrira ses perspectives
budgétaires pour l'exercice 2004-2005 autrement qu'en prévoyant
un ralentissement de certaines de ses activités. Parallèlement,
l'augmentation soutenue du nombre d'étudiants — source majeure
du développement
de l'Université au cours des cinq dernières années
— exerce une pression considérable sur l'ensemble des ressources
nécessaires à leur
encadrement; conséquemment, un sous-financement à ce chapitre
pourrait compromettre sérieusement l'effort que l'établissement
entend consentir pour pallier la pénurie des professionnels de la santé.
Les enjeux auxquels s'adressera la Commission parlementaire sur l'enseignement
supérieur sont majeurs. Les universités sont « en
manque » de financement tel qu'il a été démontré par
l'étude
effectuée par la CREPUQ de concert avec les autorités gouvernementales.
Ne pas apporter des correctifs à cette situation compromettrait la qualité même
de l'enseignement auquel les générations montantes ont droit.
D'où viendront les ressources additionnelles requises? De quelle façon
seront « arbitrées » les allocations de ressources?
En particulier, maintiendra-t-on encore longtemps l'iniquité intergénérationnelle
en matière de frais de scolarité? Que représenteraient,
en dollars 2003, les 250 $ de frais de scolarité que je versais
comme étudiant
au début des années '40? Serait-il indécent qu'une correction
historique soit apportée en cette matière? Jusques-à-quand
les bénéficiaires de l'enseignement universitaire continueront-ils
de ne pas partager équitablement, avec l'ensemble de la population,
le coût de leurs études? Voilà, j'en conviens, un propos
non politiquement correct; je soutiens cependant qu'il n'est pas dépourvu
de pertinence!