Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Grains de sagesse
Juin 2008, numéro
16
Je vous en prie, expliquez-moi, je ne comprends pas
Je ne peux comprendre pourquoi des personnes intelligentes, bien informées et conscientes des enjeux, je parle de nos associations étudiantes, peuvent continuer à nier des évidences aussi flagrantes et cela depuis des dizaines d'années. Le journal de ce matin (le 21 mai 2008) nous annonce le refus des associations étudiantes de l'Université de Montréal d'accepter une révision des frais afférents. C'est ce que j'appelle se tirer dans le pied, dans les deux pieds.
Tout le monde sait que les frais afférents sont au moins trois fois, oui, trois fois moins élevés à l'Université de Montréal qu'à l'Université McGill. Tout le monde sait que les frais de scolarité sont gelés depuis au moins dix ans et que la ministre vient d'autoriser une augmentation minime. Tout le monde sait que les frais de scolarité du Québec représentent au 1er cycle, 40% de la moyenne canadienne et 33% aux études supérieures. Tout le monde sait que, faute de revoir les frais de scolarité, il reste aux universités une toute petite porte ouverte, celle des frais afférents, pour éviter la catastrophe. Tout le monde sait que le fait de refermer cette porte comme le voudraient les associations étudiantes et la ministre de l'éducation, nous conduit à une impasse et perpétue un écart énorme de ressources financières entre l'Université de Montréal et McGill. Tout le monde sait que notre université, faute d'un financement global suffisant, accumule déficit sur déficit, maintenant plus de 100 millions de dollars, et que toutes les universités du Québec sont dans la même situation. Tout le monde sait que les marges de manœuvre n'existent plus et que les fonds de tiroir ont été raclés jusqu'au dernier sous. Tout le monde sait que l'éducation universitaire est cruciale, que la situation est très grave et que personne n'a intérêt à laisser se dégrader notre université. Tout le monde sait qu'il faut des années (parfois des dizaines d'années) pour rattraper les retards dans le recrutement des personnels, l'entretien des bibliothèques, des immeubles, des équipements scientifiques et informatiques. Tout le monde sait que les politiciens n'ont pas le courage de dire haut et fort que la situation n'a pas de bon sens et que nous sommes en train de compromettre quarante ans d'efforts collectifs et individuels.
Les membres de l'APRUM savent mieux que quiconque que nous sommes partis de très loin et que nous avons fait des progrès spectaculaires depuis l'université de Monseigneur Maurault. Malgré les récents dérapages dont nous ne sommes pas responsables, les universités du Québec, l'Université de Montréal en particulier, ont géré de façon exemplaire les fonds publics; elles ont fait de la vraie belle ouvrage.
Devant le refus des associations étudiantes, l'administration de l'Université de Montréal réplique en faisant des coupures importantes dans les Services aux étudiants (activités culturelles, parascolaires et communautaires). Elle annonce également une coupure de 250 000$ au CEPSUM. J'ai présidé le nouveau conseil d'administration du CEPSUM mis en place par le recteur de l'époque pour relancer notre centre sportif et le sortir de son marasme, conséquence de plus de dix ans d'incurie; je suis autorisé à écrire que je connais très bien les conséquences désastreuses de ce que l'on se prépare à faire. Pas besoin d'une longue argumentation; il suffit d'aligner quelques chiffres. Voici la liste des frais que chaque université du Québec impose à ses étudiants pour l'accès aux activités sportives. L'UdeM charge à ses étudiants 2,38$ par crédit, Sherbrooke 2,74$, Concordia 2,85$, l'UQAM 3,36$, Laval 3,56$, McGill 7,00$, Bishop 11,00$, Toronto 8,30$...
Et il faudra faire des coupures, et réduire les services, et… et…
Je ne comprends pas!