Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Grains de sagesse
Été 2005, numéro
10
Chronique : Le
rectorat de Robert Lacroix
Tout au long de sa carrière universitaire, Robert Lacroix a manifesté des qualités remarquables tant dans les activités d'enseignement et de recherche auxquelles il s'est livré que dans les fonctions dont il a assumé les responsabilités. Dans le texte qui suit, je me borne à rappeler les points saillants de sa présence à la direction de l'Université en tant que recteur (1998-2005) sachant que, sur des tribunes appropriées, on soulignera abondamment l'ensemble de sa carrière.
OPÉRATION RELANCE
Au moment où il commence son mandat de recteur (juin 1998), l'Université traverse une période financière très difficile ayant dû — politique provinciale du déficit zéro à la clé — procéder à la mise à la retraite de plusieurs centaines de personnes dont plus de 250 membres du corps professoral. Robert Lacroix prend la décision d'infléchir substantiellement le cours des événements en matière de financement de l'Université de Montréal en déclenchant l'opération RELANCE dont l'objectif premier est de susciter une augmentation substantielle des effectifs étudiants et, partant, de la subvention d'équilibre versée par le gouvernement. L'objectif visé : ajout de 4 000 étudiants (équivalent temps complet) en trois ans.
Grâce à la marge de manœuvre que lui procure une vacance de cotisation à la Caisse de retraite de l'UdeM, d'une durée de trois ans (les 40 M$ en cause sont en voie d'être remboursés), l'Université établit des contacts ciblés avec les clientèles étudiantes potentielles. Tout un ensemble de dispositions sont mises de l'avant : stages d'été rémunérés, bourses d'études, création de programmes d'études répondant davantage aux besoins de la clientèle, création et développement des campus de Laval et Longueuil, amélioration de l'encadrement des étudiants de façon à hausser le taux de diplomation…
CONTRATS DE PERFORMANCE
Dans la foulée des importantes retombées de l'opération RELANCE, l'équipe de Robert Lacroix accueille favorablement le projet du ministre de l'Éducation de réinvestir 600 M$ (période triennale 2000-2001 à 2002-2003) dans les universités. Et l'on prend les moyens appropriés pour définir clairement les objectifs de l'établissement. Tant et si bien que le recteur et le ministre de l'Éducation paraphent le 5 décembre 2000 un contrat de performance dont les éléments avaient été agréés par les deux parties. Le contrat prévoit, notamment, l'addition d'au moins 320 postes d'enseignants sur une période de trois ans et un investissement majeur dans les bibliothèques.
CEPSUM
Prenant acte des problèmes rencontrés dans la dispensation des services offerts aux étudiants, notamment en ce qui a trait à l'exercice physique et à la pratique des sports ainsi que de l'absence de l'Université du domaine de l'athlétisme interuniversitaire et du sport d'élite, Robert Lacroix décide d'agir. Il lance (automne 1999) l'opération CEPSUM et confie au professeur Jacques Boucher le large mandat d'étudier l'ensemble de la question et de proposer les moyens de corriger la situation. Bientôt les résultats sont tangibles et les décisions sont prises. Et c'est ainsi que la gestion du CEPSUM devient autonome et qu'une plus large place est faite aux sports d'élite. Nos athlètes retrouvent leur juste place et les sports d'équipe de haut niveau se développent. L'esprit CARABIN qui renaît de ses cendres ne manque pas d'attirer l'attention et l'encouragement financier de vastes pans de la famille des diplômés. Fierté oblige!
CAMPAGNE DE FINANCEMENT
Tablant sur la relative stabilité du financement de l'Université pour ses opérations courantes, le recteur Lacroix concentre toute son attention sur la campagne Un monde de projets dont l'ambitieux objectif (125 M$) reflète bien la volonté de permettre à l'Université de se hisser au rang des grandes universités d'enseignement et de recherche. Parmi les projets mis de l'avant, on peut citer : fonds de bourses, chaires d'enseignement et de recherche, aménagement d'espaces pour loger des activités de recherche dans des sujets de pointe et bonification des conditions environnementales pour le personnel.
Sous le haut patronage de Paul G. Desmarais, président d'honneur, et des coprésidents André Caillé et Robert Brown, la campagne suscite dans tous les milieux (organismes philanthropiques, petites, moyennes et grandes entreprises, donateurs de tous les horizons…) un enthousiasme tel que l'objectif initial (125 M$) est vite atteint, puis largement dépassé. Il s'agit d'un succès sans précédent. En effet, aux 218 M$ souscrits, s'ajoutent les 228 M$ en provenance de divers paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal) pour un grand total de 446 M$. Au plan des espaces requis pour les activités de recherche dans les secteurs de pointe, il faut noter les additions suivantes : Pavillon Jean-Coutu (expansion de la Faculté de pharmacie notamment pour la recherche); Pavillon Marcelle-Coutu (Institut de recherche en immunologie et en cancérologie); Pavillon J.-Armand-Bombardier (innovation, recherche et développement en nano-technologies, biotechnologies, aéronautique et aérospatiale) et expansion du Complexe universitaire de la Faculté de médecine vétérinaire. À cet ensemble, il faut ajouter l'édifice du Centre des technologies de fabrication de pointe appliquées à l'aérospatiale du Conseil national de la recherche du Canada érigé dans le voisinage immédiat du Pavillon J.-Armand-Bombardier.
Pendant que s'érigent les édifices susmentionnés, l'équipe de Robert Lacroix réussit à « vendre » aux souscripteurs la notion de fonds de bourses à l'intention des étudiants aux grades supérieurs et la notion de chaires de recherche. Ces chaires, bien pourvues financièrement, constituent un élément clé pour recruter et retenir les meilleures équipes de chercheurs dans les secteurs de pointe. L'appui ainsi obtenu a permis à l'Université d'obtenir parallèlement sa très large part du programme de chaires du millénaire du gouvernement fédéral.
La réputation internationale de l'Université de Montréal, grâce à la présence dans son corps professoral de chercheurs chevronnés en matière de statistiques sociales, a retenu l'attention de l'UNESCO qui décide (2000) d'installer son Institut de statistique (ISU) sur le campus de l'Université. Il s'agit pour l'UdeM d'un élément très important pour le vaste secteur des sciences humaines et sociales.
125e ANNIVERSAIRE
Désirant profiter de l'effervescence suscitée par le progrès spectaculaire de la campagne de financement, le recteur Lacroix décide de signaler avec éclat le 125e anniversaire de la création de l'Université; en effet, en 1878, Rome lui conférait le statut de succursale de l'Université Laval. Le recteur confie (automne 2002) à Jacques Boucher le défi de mettre sur pied un ambitieux programme de célébrations devant se réaliser tout au long de 2003-2004.
L'équipe des fêtes du 125e associe à ses travaux chacune des composantes de l'établissement (étudiants, personnel de soutien, cadres, professeurs…) qui répondent avec enthousiasme. Au cours d'une période de plus de 15 mois culminant par un hommage rendu le 25 mars 2004 aux quelque 125 pionniers de l'UdeM, plus de 150 événements soulignent l'anniversaire de l'établissement. On y trouve de tout : émission d'un timbre; hommage de l'Assemblée nationale; 100e anniversaire de la Faculté de médecine dentaire; Pavillon principal devenu Pavillon Roger-Gaudry; concerts, événements sportifs parution d'un cahier spécial sur l'UdeM dans Le Devoir, etc.
IN FINE
Grâce à Robert Lacroix et à son équipe, l'Université a connu une impressionnante période de croissance et de maturation qui lui a permis de prendre rang parmi les grandes universités d'enseignement et de recherche. L'avenir est indéniablement prometteur sur le plan des activités de recherche à condition que demeure stable la politique des grands organismes subventionnaires. Par ailleurs, le financement de l'Université au plan de ses activités récurrentes demeurera une importante source de préoccupation de la part de la nouvelle équipe du rectorat puisque le problème du sous-financement des universités — à hauteur de 375 M$ — n'est toujours pas résolu en dépit de la vigoureuse représentation faite par le recteur Lacroix lors de la tenue d'une Commission parlementaire à ce sujet.