Association des professeurs retraités
de l'Université de Montréal
Bulletin
de l'APRUM
Automne 2000, numéro 1
Chronique de l'Université
C'est
avec enthousiasme que j'ai accepté de participer à ce nouveau « Bulletin de
l'APRUM » et
d'y signer cette chronique régulière. Vous faites partie de la communauté universitaire,
vous avez fait cette université, vous continuez à vous y intéresser.
Plusieurs d'entre vous continuent même à participer de façon très active
à la vie et au développement de l'université. Je profite de cette occasion
pour vous remercier de tout ce que vous avez fait et continuez à faire pour
l'Université de Montréal.
Votre
université a traversé, ces vingt
dernières années, l'une des périodes les plus difficiles de son histoire.
Et Dieu sait si elle a essuyé plusieurs tempêtes depuis sa création; vous en
avez plus que quiconque le souvenir! Or, depuis quelques mois, nous voyons
maintenant la lumière au bout du tunnel. Nous avons recommencé à engager des
jeunes professeurs, la dette accumulée est en voie rapide de résorption, les
clientèles étudiantes sont de nouveau en hausse, la reconnaissance de notre
Université comme grande université de recherche et d'enseignement progresse
autant sur la scène locale qu'internationale. Après une période de morosité
bien compréhensible, l'espoir et l'enthousiasme refont surface et… facilitent
la tâche du recteur…
Le monde universitaire est en profonde
restructuration, vous l'aurez sans doute compris à la lecture des journaux et
à l'écoute de la télévision. Je voudrais ici, en quelques mots, vous
expliquer l'un des éléments les plus nouveaux et les plus importants de la
nouvelle donne. Il s'agit des « contrats
de performance » dont vous entendez
sans doute parler depuis un certain temps. Dans certains milieux, ils ont fait
l'objet de critiques et d'inquiétudes. L'Université de Montréal a
pourtant décidé de répondre avec sérieux et promptitude à la demande du
ministre Legault; elle consacre des efforts considérables à la préparation de
sa proposition au Ministère. La situation est complexe et évolue chaque jour,
mais j'aimerais vous expliquer brièvement l'état actuel du dossier et
notre réaction institutionnelle devant ce nouveau défi.
Le
ministre a convaincu ses collègues
du cabinet de mettre fin aux coupures, de faire confiance à la qualité du réseau
universitaire et de réinvestir dans les universités; 300 millions de dollars
« d'argent frais » en trois ans. C'est la bonne nouvelle! Par contre,
la distribution de ces sommes est conditionnelle à la préparation d'un projet
institutionnel de développement et à l'exécution d'un« contrat de performance » conclu avec chaque université
et qui vise l'atteinte de cibles très spécifiques. Empruntée au monde des
affaires et chargée d'un contenu émotif évident, l'étiquette « contrat
de performance » trouble et inquiète. Soumission de l'Université aux règles
impitoyables de la productivité? Mise en place d'une bureaucratie encore plus
omniprésente et tatillonne? Contrôle de l'État dans les affaires
universitaire? Menace à la liberté universitaire? Au delà de l'étiquette
discutable (nous préférons l'appeler « entente de réinvestissement »),
qu'en est-il exactement?
Le
Ministère propose une douzaine de
cibles sur lesquelles il demande aux universités de faire le point et de préparer
un plan de développement précis et quantifiable. Or, depuis des années, l'Université
de Montréal s'est dotée d'outils de mesure de sa « performance »
touchant diverses facettes de ses activités (le Rapport Lacroix en est un des
exemples) : recherche et études supérieures, taux de persévérance et de diplômation,
charge professorale et encadrement des étudiants, fréquentation des
programmes, utilisation et coordination des ressources documentaires ainsi que
des nouvelles technologies de l'information, collaboration avec les autres
universités pour l'offre de formation, ouverture sur les échanges de ses
professeurs et de ses étudiants avec l'étranger. Ce sont là précisément
les plus importantes des cibles sur lesquelles le Ministère demande aux
universités de faire état du chemin parcouru et de s'engager à amorcer des
correctifs, le cas échéant. Nos études ont été faites en comparant nos réalisations
avec celles des principales universités canadiennes. Nos exercices de
planification nous ont fait prendre conscience de nos lacunes et nous faisons
déjà
des efforts considérables pour les corriger. En somme, nos façons de faire et
nos priorités ont depuis plusieurs années intégré à la fois le processus
dans lequel le ministre voudrait nous voir nous engager ainsi que les cibles
qu'il nous propose.
Nous
savons déjà qu'en ce qui touche
plusieurs des cibles proposées, l'Université de Montréal se compare
avantageusement avec les bonnes universités canadiennes. Nous sommes tout à
fait à l'aise de « rendre des comptes » sur la façon dont nous avons géré
les sommes que le Ministère nous a confiées (et retirées, ces dernières années…).
Compte tenu des circonstances et malgré les contraintes qui nous ont été
imposées ces dernières années, grâce aux efforts des professeurs et des
personnels, nous sommes fiers de ce que notre université a fait pour la société
québécoise et pour ses étudiants. Nous espérons que par cet exercice, le
Ministère et l'ensemble de la population sauront reconnaître la spécificité
et l'excellente « performance » de l'Université de Montréal. Lorsque
le Ministère se penchera sur les propositions des universités québécoises, nous
croyons que nous nous trouverons en excellente position absolue et relative.
Et lorsqu'il s'agira pour le ministre de respecter sa part du « contrat »,
nous croyons que le pari que nous faisons actuellement se sera avéré judicieux
et rentable.