Lettre du 21 décembre 2005
Chère collègue, cher collègue,
« L'hiver est à nos portes » si l'on en croit les indices qui justifient cette exclamation. En vérité, ce n'est pas encore demain la veille car nous sommes toujours au creux d'un automne plutôt « raisonnable ». Cependant, les arbres dénudés qui se profilent sur le ciel gris, la brise nordique à laquelle nous ne sommes pas encore accoutumés ? ça viendra bien assez vite avec le mois de janvier! ? et les sapins précoupés qui attendent aux coins des rues les décorations que les enfants de tout âge se proposent d'y accrocher, constituent autant de signes avant-coureurs du solstice qui s'approche.
Cet automne, si bénin sous certains aspects, s'est tout de même manifesté avec vigueur. Pour s'en convaincre, il suffit d'avoir à la mémoire, notamment, la violence avec laquelle la nature a balayé les côtes de quelques agglomérations méridionales et secoué, dans les hautes montagnes encore en ascension, les minuscules villages qui s'y accrochent.
La vie qui bat
La perturbation automnale a pris la forme, sur le campus, d'une confrontation majeure entre le SGPUM et l'Université au sujet des traitements à verser aux membres du corps professoral. Aux quelques éléments d'information contenus dans ma missive du 3 novembre, j'ajoute les précisions suivantes.
Une entente est intervenue (5 décembre) entre l'UdeM et le SGPUM au sujet des traitements que toucheront les membres du corps professoral selon un échéancier dont les modalités apparaissent dans la convention collective laquelle, incidemment, est prolongée jusqu'au 31 mai 2008.
Pour appuyer leur revendication salariale, les membres du corps professoral ont observé la consigne de 12 jours de grève que leur a donnée leur Syndicat, onze de ces jours ayant été pris dans le seul mois de novembre. Les gestes ainsi posés ont eu l'effet de perturber très sérieusement le déroulement des programmes d'études du trimestre d'automne.
La gravité des moments vécus au cours des dernières semaines m'amène à vous livrer quelques réflexions tout à fait personnelles au sujet de cette grève et de ses effets. Elles complémentent celles que j'ai confiées aux Grains de sagesse qui accompagnent cette missive.
Tout d'abord, cette grève a été marquée au coin d'une certaine irresponsabilité du Syndicat puisqu'elle a fait porter par les étudiants le fardeau de la confrontation entre les parties.
Le traumatisme induit chez les étudiants par ce qui me semble un manque d'éthique à leur égard laissera malheureusement des traces entre les deux seules composantes essentielles de la communauté universitaire.
Plus de soixante collègues ont fraternisé à l'occasion de la réception du 6 décembre dernier. La rencontre, chaleureuse comme par les années précédentes, ne semble pas avoir, pour les plus jeunes collègues, l'attrait que lui portent leurs aînés dont, il faut bien le dire, les rangs deviennent de plus en plus clairsemés. Il faudra trouver des moyens d'actualiser la formule pour la rendre plus intéressante pour les « jeunes ». C'est à voir. J'attends vos suggestions à ce sujet.
Étant donné que l'indice des prix à la consommation (IPC), tel que mesuré en septembre 2004 et en septembre 2005, a connu une hausse de 3,36%, les rentes qui seront versées à compter du 1 er janvier 2006 comporteront une augmentation de 3,36%. Que voilà une bonne nouvelle que nous saluons avec plaisir!
Les Grains de sagesse que voilà véhiculent un intéressant article rédigé par notre collègue Colin H. Davidson. Les propos qu'il tient sont ceux d'un spécialiste de la question et les photos qu'il a prises à votre intention sont saisissantes. Grand merci pour sa remarquable contribution. Je salue au passage Jean Cléo Godin pour son intéressante chronique « Les collègues publient » et Jean-Robert Derome pour son expertise en infographie laquelle a beaucoup contribué à la qualité de la présentation de ces derniers Grains.
Les déjeuners du 3e jeudi du mois reviendront à l'ordre du jour en 2006. Le Conseil vous donne rendez-vous à 12 h au restaurant Chez Lévêque, 1030, rue Laurier Ouest. Les dates à retenir sont les suivantes : 19 janvier, 16 février, 16 mars, 20 avril et 18 mai.
Erratum : vous aurez constaté, à propos de notre distinguée collègue, qu'il aurait fallu écrire Marie-Andrée Bertrand (criminologie). Mille excuses pour la distraction.
Nécrologie
Le temps qui passe frappe inexorablement les membres de l'APRUM. Certains, profitent de la vie sans dommages apparents, d'autres apprennent à tolérer les petits ratés d'un organisme vieillissant, d'autres, malheureusement, en viennent à nous quitter. C'est, notamment, le cas du collègue dont les paragraphes qui suivent évoquent la carrière.
Le 6 novembre 2005, décédait à l'âge de 95 ans, notre collègue Roger Larose dont la longue et fructueuse carrière s'est étendue sur plus de 70 ans. Après avoir obtenu son B.A. au Collège Ste-Marie, il entreprend des études à la Faculté de pharmacie et obtient, en 1934, son diplôme professionnel. Ouvert aux choses de l'esprit, il fréquente les cours d'Édouard Montpetit et d'Esdras Minville qui lui permettent d'obtenir un diplôme en sciences sociales. Il n'est pas étonnant, vu son caractère, qu'il participe aux activités de l'Association générale des étudiants de l'Université (AGEUM) soit à titre de président, soit à titre de rédacteur du Quartier Latin. Dans la même foulée, il participe à la création de l'Association des diplômés de l'Université à laquelle il apporte, au fil des ans, des contributions significatives.
Au plan professionnel, il décide d'entreprendre en 1936 une carrière de représentant médical pour la firme pharmaceutique Ciba, devenue par la suite Ciba-Geigy Canada Limité, où il gravit les échelons jusqu'à celui de Président directeur-général. Parallèlement, il contribue, à titre de professeur à la leçon et de chargé d'enseigne-ment, au développement de la Faculté de pharmacie dont il occupe, en 1960, le poste de doyen. L'influence de Roger Larose, à la direction de l'Université, se manifeste en 1965 alors qu'il est nommé membre du Conseil des gouverneurs; puis, à l'occasion de la mise en place de la nouvelle charte (1967), il devient membre du Comité exécutif de l'Université. Le recteur Roger Gaudry lui confie, en 1969, le poste de vice-recteur à l'administration qu'il occupe jusqu'en 1979. Il y joue alors un rôle clé notamment dans l'entente intervenue entre l'Université et le Modérateur de la Faculté de théologie au sujet du statut universitaire des prêtres laïcisés.
Actif dans plus d'un milieu, Roger Larose est récipiendaire de nombreuses distinctions dont celle que lui confère (1973) l'Ordre du Canada en l'accueillant à titre d'Officier. Ouvert à tous les secteurs culturels, Roger Larose se retrouve, notamment, à la Direction de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et à celle de I Musici, tout en participant activement aux manifestations artistiques de la région montréalaise. Homme d'une rare élégance à tout point de vue, Roger Larose a su, ayant pris sa retraite, maintenir de fructueux contacts avec les milieux qu'il avait animés antérieurement. Un homme de grand calibre vient de nous quitter; il laisse un vide qu'il ne sera pas facile de combler.
In fine
Que l'an nouveau qui se pointe à l'horizon vous maintienne en aussi bonne forme que possible et que la sérénité ? qui vient avec l'âge, dit-on ? continue longtemps de vous habiter. Voilà deux des v?ux que je formule à votre endroit.
Jacques St-Pierre
Président
JSP/fsp
P.S. : Au moment d'aller sous presse, nous parvient la nouvelle du décès du collègue Asok Bose du Département de physique. Ma prochaine missive contiendra une notice nécrologique appropriée.
Vos coordonnées (adresse, appartement, téléphone, ...) changent?
Dites-le à l'APRUM : (514) 343-7635.