NOUVELLES du 8 mars 2001

Lettre du 8 mars 2001

 

Chère collègue, cher collègue,

 

Avec l'équinoxe qui se pointe à la remorque des tout premiers jours de mars, on se sent le cœur réchauffé par l'arrivée imminente d'un printemps porteur d'espérance – et de doux temps!

 

 

Les dossiers de l'APRUM

Régime de rentes de l'Université de Montréal (RRUM)

Le Comité de retraite du RRUM a récemment pris la décision de reporter au 31 décembre prochain – fin de la période normale à cet effet – la mise sur pied du Comité spécial d'experts chargé de procéder à l'évaluation de la Caisse du Régime. Cette décision tient compte, notamment, de la relative stagnation des marchés boursiers; elle permettra, en fin de 2001, de mieux apprécier les éléments qui sous-tendent les estimations faites par les actuaires en de telles circonstances. Au sujet du RRUM, il faut signaler que le mandat du professeur Jacques Henripin, à titre de représentant des retraités au Comité de retraite du RRUM, se terminera le 31 août prochain; d'ailleurs il a déjà annoncé son intention de ne pas accepter un renouvellement de son mandat. La procédure est déjà en cours – via la paperasse coutumière – en vue de l'élection d'un nouveau représentant. Une fois terminée la phase de mise en candidature et connue la liste des noms proposés, je me permettrai de vous faire connaître le choix que le Conseil vous suggérera.

 

Programme collectif d'assurance-santé

Je vous rappelle tout d'abord que les membres retraités de l'APRUM de moins de 65 ans sont couverts depuis le 1er juin dernier par le programme du Groupe 22949 qui inclut les membres du corps professoral en exercice. L'APRUM, pour le moment du moins, n'entend pas intervenir dans ce dossier. Les personnes retraitées de 65 ans et plus sont couvertes par le programme du Groupe 22948 à l'exclusion, à l'évidence, des personnes qui ont choisi une autre couverture. Votre Comité, dont les membres sont André Archambault, Denise Leclerc, Jacques St-Pierre et Marie-France Thibaudeau (présidente), étudie ce dossier depuis l'automne dernier. Des échanges très récents avec Mme Agathe Philibert-Larivée, responsable de ce dossier pour l'Université, laissent entrevoir – ce ne sera une surprise pour personne – une augmentation non négligeable de la prime à débourser. En effet, l'augmentation de la consommation et du prix des médicaments continue de se faire sentir.

 

Compte tenu du climat de grande incertitude qui entoure le choix des moyens que le Gouvernement entend utiliser pour pallier les difficultés inhérentes à l'ensemble de la question, votre Comité a décidé de tenter, de concert avec la responsable du dossier, d'obtenir les meilleurs conditions possibles à l'intérieur de la présente couverture de la police. A vrai dire, la seule véritable façon de réduire les coûts éventuels serait d'accepter, collectivement, de diminuer l'ampleur du spectre des soins couverts par le programme. Votre Comité estime que nous n'en sommes pas là, pour le moment du moins.

 

 

Des ordinateurs pour les profs!

Il s'agit, cette fois, d'un tout nouveau dossier dont les éléments, peu connus présentement, découlent de la convention collective intervenue récemment entre l'Université et le SGPUM. Un des éléments de cette convention stipule que l'Université fournira aux professeurs en exercice un ordinateur muni des caractéristiques requises pour fonctionner adéquatement dans les nouveaux environnements envisagés. Des conséquences ne manqueront pas d'en découler ne serait-ce qu'au chapitre des sites WEB utilisés jusqu'ici. L'APRUM, consciente des retombées que ce nouveau déploiement pourrait avoir sur la situation faite aux professeurs retraités, compte se saisir de ce dossier dans l'immédiat. Plusieurs questions déjà se pointent pour lesquelles des réponses devront être apportées. Il s'agit d'un dossier chaud pour un nombre considérable des membres de l'APRUM.

 

 

L'APRUM, son Bulletin, son site WEB

L'équipe de rédaction disposera, d'ici peu, des éléments à incorporer dans le prochain numéro du Bulletin lequel paraîtra, en toute probabilité, au cours de la 3ième semaine de mars. Il vous arrivera, tout de neuf coiffé puisque, sur les entrefaites, un nom évocateur lui a été choisi. N'hésitez pas à contacter le site WEB (www.aprum.umontreal.ca); vous y trouverez quantité d'informations intéressantes.

 

 

Nos disparus

Après s'être éloignée de nos parages pendant quelques semaines, la grande faucheuse est réapparue en force et a procédé, en un tournemain, à une incroyable hécatombe.

La première victime a été le professeur émérite Théodore F. Domaradzki, anciennement du Département d'études slaves de la Faculté des lettres, décédé le 25 janvier 2001 à l'âge de 90 ans. Originaire de Pologne où il fait ses premières études, Théodore Domaradzki gagne l'Italie où il complète sa formation par l'obtention d'un diplôme de doctorat à l'Université de Rome. Entraîné dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, il apporte aux forces alliées une précieuse contribution tant militaire que diplomatique. Après être passé aux Etats-Unis d'Amérique en 1948, où il œuvre à l'Université Fordham dans le secteur de la slavistique, M. Domaradzki se joint à l'Université de Montréal pour y mettre sur pied le Département d'études slaves qu'il s'emploie à développer tous azimuts. Son dynamisme – d'aucuns de ses contemporains parleraient de robuste insistance – sert de puissant catalyseur à l'intégration en milieu francophone d'une partie importante de la diaspora polonaise en Amérique. Professeur, chercheur, auteur de nombreux écrits, M. Domaradzki a exercé une influence considérable dans le monde de la slavistique. Ses nombreux collègues et ses étudiants en ont témoigné éloquemment. Parallèlement, de nombreux organismes publics lui ont décerné force médailles et décorations. En particulier, il a été reçu à l'Ordre du Canada à titre de membre. La postérité gardera un souvenir reconnaissant de cet universitaire, tout à la fois pionnier et bâtisseur, qui s'est employé, sa vie durant, à enrichir son secteur de prédilection.

 

 

La deuxième victime a été le professeur émérite André Prévost de la Faculté de Musique décédé, après une longue maladie, le 27 janvier 2001 à l'âge de 66 ans. Intéressé très tôt par la musique, il entreprend des études au conservatoire de musique du Québec à Montréal, avec Jean Papineau-Couture Clermont Pépin. Rendu à Paris, il travaille avec Olivier Messiaen, au Conservatoire, et avec Henri Dutilleux à l'école normale de musique. Très tôt il s'adonne à la composition ce qui lui vaut, en 1963, le Prix d'Europe en composition. La Faculté de musique se l'attache en 1964 et lui confie d'importantes responsabilités dont l'écriture, l'analyse et la composition. Il fait école. Car ses étudiants apprécient hautement la qualité de la formation que Prévost leur prodigue et l'humanisme avec lequel il aborde ses fonctions. Il se garde bien des querelles de chapelle qui ne manquent jamais de survenir dans le monde de la création.

 

Laissant à d'autres voix plus informées que la mienne – et elles se sont déjà fait entendre éloquemment à ce jour – le soin de faire ressortir les qualités du maître et l'importance de son œuvre, je ne veux retenir ici que deux moments particuliers de la carrière de compositeur d'André Prévost. Le premier se rapporte à la commande que lui fait EXPO 67. Sur un magnifique poème de Michèle Lalonde, Prévost crée Terre des hommes une cantate pour grand orchestre, chœurs et deux récitants. Lors de l'inauguration de l'événement mondial que fut EXPO 67, les deux récitants n'étaient autres que Jean-Louis Barrault et Sir Laurence Olivier. Le second, auquel Prévost attachait une grande importance, est sa collaboration avec le célèbre violoniste Yehudi Menuhin pour lequel il écrivit Cantate pour cordes .

 

Auteur prolifique – il est question de plus de 60 œuvres – il a été le compositeur canadien contemporain le plus joué. Et pour cause, comme en témoignent les nombreuses commandes qui lui arrivent de diverses sources dont l'Orchestre symphonique de Montréal pour lequel il composa Concerto pour violon interprété en 1998 par la violoniste de renom Chantal Juillet. Ses mérites ont maintes fois été reconnus publiquement; qu'il suffise de mentionner ici qu'il a été reçu en 1986 à l'Ordre du Canada à titre d'Officier.Compositeur de très grand talent, pédagogue fort estimé par ses étudiants, Prévost était avant tout – et dans tout ce qu'il faisait – un humaniste de grand cru. Voilà le témoignage de toutes celles et de tous ceux qui ont eu le privilège de le fréquenter. Il n'est pas disparu : sa musique continuera de nous habiter.

 

 

A quelques jours de là, soit le 29 janvier, décédait le professeur John Low Brebner du Département de physique à l'âge de 67 ans.Originaire d'écosse, il fréquente l'Université d'Aberdeen où ses études en physique lui permettent d'obtenir un doctorat en 1959. Après un séjour de 6 ans (1962-1967) au Cyanamid European Research Institute de Genève, à titre de chercheur, il accepte un poste de professeur agrégé au Département de physique de l'Université de Montréal.

Grâce à ses travaux dans le domaine de la matière condensée, tout particulièrement dans l'étude des matériaux, le professeur Brebner s'est taillé une réputation internationale. Il a exercé une grande influence sur ses étudiants et ses jeunes collègues qu'il a entraînés à sa suite sur le sentier de la rigueur. Il s'est également employé à maintenir à un haut niveau l'instrumentation utilisée dans les laboratoires d'enseignement.

Le professeur Brebner, en marge de ses nombreuses activités, a joué un rôle prépondérant dans le renouveau des relations entre le Département de physique de l'Université de Montréal et le Département de génie physique de l'école Polytechnique. Cette collaboration devait être féconde à plus d'un titre. Bien qu'atteint d'un mal qui ne laisse point de quartier, John L. Brebner a continué d'encadrer ses étudiants jusqu'à la toute fin de sa vie donnant par là l'exemple d'un dévouement sans bornes. Hommage lui soit rendu.

 

 

Peu de temps après, soit le 8 février 2000, le professeur Jules Labarre nous quittait à l'âge de 96 ans et 7 mois. Attiré par les sciences, dès son jeune âge, il s'inscrit en 1919 à l'école de pharmacie où il obtient en 1923 un diplôme le préparant à la pratique professionnelle en officine. Poursuivant des études à la Faculté des sciences il décroche en 1925 une licence ès sciences chimiques. Puis, il gagne Paris où, trois ans plus tard, il soutient avec succès, à la Sorbonne, une thèse de doctorat en chimie biologique. Revenu à Montréal, il accepte d'occuper simultanément deux postes (chacun à demi-temps) que lui offrent la Faculté de pharmacie et la Faculté des sciences. Grâce aux ressources dont dispose l'Office de recherches scientifiques du ministère de l'Industrie et du Commerce – organisme qu'il dirige pendant près de 10 ans – Jules Labarre est en mesure de financer les travaux que nombre d'étudiants, en provenance du secteur sciences, poursuivent dans ses laboratoires au niveau de la maîtrise et du doctorat. Il y a joué, à ce moment, le rôle d'un révélateur des talents pour la recherche de plusieurs jeunes scientifiques.

 

En 1955, il accepte de relever le défi de mettre sur pied, à l'Hôpital Notre-Dame, les laboratoires d'analyse qu'il dirige jusqu'à sa retraite dans les années '70. Le groupe de personnes connues sous le nom de  « retours d'Europe » et dont Jules Labarre fait partie, exerce via les média du temps des pressions sur les dirigeants politiques pour que soient bonifiées les conditions faites à l'enseignements supérieur. La situation de février 2001 est-elle si différente? Dans la mouvance de Marie-Victorin, il participe à la création de l'Association canadienne française pour l'avancement des sciences (ACFAS) dont il occupe le poste de secrétaire pendant plusieurs années. Il participe avec ses contemporains à la création de l'Association des diplômés de l'Université de Montréal dont il fut longtemps, noblesse oblige, le fidèle secrétaire.

 

Jules Labarre homme affable et effacé a certes apporté une contribution remarquée à la vie universitaire et à ses manifestations hors les murs. Il était membre de la Société Royale et de l'Ordre du Canada. In fine, il est bon de rappeler que Jules Labarre était le doyen d'âge des membres de l'APRUM. ça n'est pas peu!

 

 

Tout récemment, Pierre Couillard, professeur émérite du Département de sciences biologiques, succombait, le 11 février dernier, à la terrible maladie qui le minait depuis plusieurs mois. Pierre a été un très grand artisan de l'Université. Voyons rapidement ce qui en est. Né à Montmagny, il fait ses premières études à Québec où il obtient un B.Sc. au Département de biologie de l'Université Laval. Il gagne ensuite Philadelphie où, sous la direction du réputé professeur Heilbrunn, il décroche un Ph.D. en physiologie. Des études postdoctorales l'amènent à Bruxelles où dans les laboratoires du professeur Brachet il se spécialise en biologie cellulaire.

L'Université de Montréal retient les services de Pierre Couillard en 1955 marquant ainsi le début d'une impressionnante carrière d'enseignant et de chercheur. Chercheur, il l'a été à fond comme en témoignent ses nombreuses publications. Enseignant de haute qualité, ses étudiants par milliers (littéralement!) l'ont déjà attesté. En effet, Pierre s'est dépensé sur ce plan d'une manière tout à fait exceptionnelle. Susciter des vocations scientifiques, amener les jeunes à s'intéresser concrètement aux sciences ont été pour Pierre des préoccupations majeures. Il s'est employé largement, soit comme conférencier (très en demande!) de l'Association canadienne française pour l'avancement des sciences (ACFAS), soit comme instigateur, organisateur et juge des « EXPO-Sciences » qui, à tous les niveaux (local, provincial, international), ont permis aux jeunes de faire éclore leurs talents. On retrouve aujourd'hui, dans des postes importants, plusieurs de ceux et celles qu'il a attirés en sciences.

La vie même de l'Université, en marge de ses préoccupations de chercheur et d'enseignant, l'a toujours intéressé. Il accepte volontiers d'œuvrer dans l'un ou l'autre des comités qui constituent la trame même de la vie de l'Université. Un exemple parmi d'autres : il contribue aux travaux du Comité des Prix, bourses et autres distinctions de 1990 à 1997 qu'il préside au surplus de 1993 à 1997. La reconnaissance que lui ont vouée ses contemporains, il l'a reconnue dans les yeux de ses interlocuteurs et dans les gestes qu'ils ont posés à son endroit. D'une façonparticulière, il convient de noter le Prix de l'enseignement des sciences ACFAS-NorthernTélécom qui lui a été attribué en 1986 ainsi que l'honneur que lui a fait l'ACFAS en le nommant membre émérite.

Une fois à la retraite, il s'est très tôt impliqué dans les activités de l'Association des professeurs retraités de l'Université de Montréal (APRUM) acceptant, en 1994, un poste de Conseiller qu'il quitte, en 1995, pour occuper celui de Trésorier succédant ainsi au regretté professeur Rinfret. Ce n'est qu'en octobre 2000 qu'il a quitté, avec beaucoup de tristesse, la trésorerie de l'APRUM pour consacrer ses forces résiduelles pour combattre la pénible maladie qui l'a emporté. Homme simple, modeste, chaleureux et toujours prêt à rendre service, il a joué parmi nous un rôle de toute première qualité. Qu'il en soit affectueusement remercié.

 

 

Et puis, tout dernièrement, soit le 14 février, est décédé à l'âge de 65 ans, Marcel Dagenais professeur émérite du Département des sciences économiques. Après avoir terminé ses « études classiques », Marcel Dagenais fréquente l'Université de Montréal, où il obtient un baccalauréat en sociologie puis gagne l'Université Yale où il décroche un Ph.D. en sciences économiques.

A son retour à Montréal, il se joint au Département des sciences économiques où il ne tarde pas à attirer l'attention de ses élèves et de ses collègues. Ses préoccupations de recherche l'amènent à explorer, à débroussailler avec vigueur puis à développer magistralement un domaine alors en émergence : celui de l'économétrie. Il s'y distingue d'une façon spectaculaire tant par la mise au point d'outils puissants, où s'harmonisent des concepts de statistiques mathématiques et de macroéconomie, que par leur utilisation dans un très large spectre d'applications.

La haute qualité des travaux du collègue Dagenais lui ont mérité nombre de reconnaissances officielles : Bourse Killam, Prix Marcel-Vincent et Prix Léon-Gérin pour ne mentionner que les plus prestigieuses. Parallèlement, et tout en étant accueilli à la Société Royale et à l'Ordre du Canada, Marcel Dagenais s'est consacré tout entier à sa double fonction d'enseignant et de chercheur.Il travaillait « porte ouverte » se tenant à la disposition de ses étudiants et de ses collègues. Ceux et celles qui l'ont fréquenté garderont de Marcel le souvenir du parfait professeur d'université.Il était de ce calibre!

 

 

In fine

Et la vie continue de nous interpeller bien discrètement. Elle évoque, par exemple, le déjeuner traditionnel du 3ième jeudi, de 12:00 à 14:00, Chez Lévèque, 1030 Laurier Ouest. Les dates, je vous les rappelle, sont : 15 mars, 19 avril et 17 mai.

 

Alexandre Vialatte concluait toujours ses chroniques de La Montagne par ces mots : et c'est ainsi qu'Allah est grand!

 

De mon côté, je me contenterai de vous saluer candidement.

 

Jacques St-Pierre
Président

JSP/fsp