Lettre du 9 février 2001
Chère collègue, cher collègue,
Toute affaire cessante, je rédige à votre intention ces quelques mots pour tenir compte, dans l'immédiat, de la nouvelle à l'effet que seraient mises en veilleuse les ententes de planification (contrats de performance) devant lier, en matière de financement, le ministère de l'éducation et les universités.
La notion même de contrat de performance est porteuse de maintes conséquences pour la vie des universités. D'aucuns la rejettent arguant que les universités ne peuvent l'accepter sans courir le risque que soit atteinte leur autonomie et que soit compromise la liberté académique de son corps professoral. D'autres, plus pragmatiques, quoique conscients des dangers encourus, ont accepté de jouer le jeu.
L'Université de Montréal, tablant sur l'appui de ses membres, s'est engagée résolument dans la préparation des documents susceptibles de servir de base à l'entente à intervenir. Elle y a vu un moyen efficace de planifier, sur un horizon convenable, et avec l'appui de ressources nouvelles bien annotées, l'étalement de ses activités à la hauteur de son statut de grande université d'enseignement et de recherche. Les échanges entre le ministère de l'éducation et l'Université ont conduit à la mise en forme définitive d'un contrat de performance lequel a été signé, le 5 décembre dernier, par le ministre François Legault et par le recteur Robert Lacroix. FORUM, dans un encart introduit dans le numéro de lundi 29 janvier, a présenté quantité d'informations contenues dans l'entente de planification. Vous pourriez en obtenir un exemplaire en utilisant le WEB de l'Université de Montréal (www.umontreal.ca).
Réagissant spontanément à la rumeur selon laquelle les ententes de planification seraient remises en question, j'ai décidé, de concert avec mes conseillers immédiats, de porter sur la place publique le cri d'alarme de la collectivité des professeurs retraités de l'Université de Montréal. Vous trouverez, ci-joint, le texte du courriel qui a été envoyé le 7 février dernier aux journaux locaux.
Je suis convaincu que vous y trouverez certains éléments de votre propre consternation. Je souhaite vivement que vous vous manifestiez publiquement à ce sujet. Je suis certain que, grâce au poids de votre prestige personnel et à la notoriété des services que vous avez rendus à la société, la population tout entière, de même que ses représentants à la direction de l'état, réaliseront jusqu'à quel point les présents enjeux sont importants. Il faut éviter que soit compromis l'avenir même de notre université laquelle a déjà atteint un statut de niveau international. Il est temps, plus que jamais, de se sentir les coudes.
Dans l'immédiat, je vous quitte; mais je vous reviendrai bientôt car plusieurs deuils cruels ont récemment frappé l'APRUM. Au surplus, les affaires courantes risquent de devenir pressantes.
En toute cordialité.
Jacques St-Pierre
Président
JSP/fsp