Chère collègue, cher collègue,
Dans la foulée du temps qui passe, surviennent nombre d'événements qui induisent chez l'homme (homo sapiens sapiens) tout un faisceau de sentiments. Ces derniers s'étalent sur un vaste spectre allant du ravissement de l'extase (sous toutes ses formes!) à la plus indicible des douleurs qu'elle soit physique, telle la douleur «exquise» induite par le calcul qui se loge inconsidérément dans un canal de communication, ou qu'elle soit morale, telle la disparition inopinée d'un être cher. Il faut tout de même constater – et c'est fort heureux qu'il en soit ainsi – que c'est au centre du spectre qui se logent la majorité des émotions. In medio stat virtus, avons-nous appris. –
L'APRUM est en deuil
Malgré la portée de ces judicieuses et élégantes considérations, l'APRUM n'a pas manqué d'être affectée à plusieurs reprises par les disparitions successives de plusieurs de ses membres.
Il y a eu tout d'abord le décès survenu le 10 juin dernier du professeur Adrien Forget dont une partie importante de la carrière s'est déroulée au Département de microbiologie et immunologie. Intéressé très tôt par le domaine de la bactériologie qu'il avait abordé par des cours de techniques de laboratoire, il se joint à l'Institut de microbiologie et d'hygiène devenu par la suite l'Institut Armand-Frappier. Maîtrisant bien les techniques appropriées, Adrien Forget se voit confier la responsabilité de l'important secteur des milieux de culture. Tout en assumant ses responsabilités à l'Institut, il poursuit des études qui le conduisent à l'obtention d'une maîtrise puis d'un doctorat en 1970. Il quitte alors l'Institut et se joint au Département de microbiologie qui le charge d'importantes responsabilités dans l'enseignement. Il se distingue tout particulièrement par la clarté de ses exposés et par la disponibilité avec laquelle il accueille les étudiants et les étudiantes qui fréquentent ses cours et les travaux pratiques qui y sont rattachés. Il a fait partie de la génération des collègues qui ont accepté de porter le poids du jour au moment où l'Université prenait son essor. Mission accomplie.
Par la suite, le 19 juin dernier, le Dr de Guise Vaillancourt décédait presque subitement à l'âge de 79 ans. Diplômé de la Faculté de médecine, de Guise Vaillancourt entreprend des études plus approfondies qui le conduisent successivement à l'Université Tufts de Boston puis à l'Université Columbia de New York où il obtient un doctorat en sciences médicales. Il revient alors à la Faculté de médecine où, comme interniste spécialisé en rhumatologie, il entreprend une remarquable carrière à l'Hôpital Hôtel-Dieu. La qualité des services qu'il rend tant aux résidents qui l'accompagnent qu'aux malades confiés à ses soins le distingue rapidement. A telle enseigne, on le retrouve vice-doyen de la Faculté de médecine, Président de la Société canadienne de rhumatologie et Président de la Société canadienne de la Croix-Rouge.
Conscient de la très rapide évolution de la pratique médicale induite par le développement des connaissances et par l'apparition de techniques de plus en plus sophistiquées, il fonde à la Faculté de médecine le Service d'éducation médicale continue. Pionnier en la matière, il développe tout un ensemble de moyens : cours, conférences, stages, etc. qui contribuent d'une façon singulière à la bonification des services rendus par la gent médicale. Suite à sa retraite prise en 1986, le Dr Vaillancourt continue de s'intéresser à la «chose» médicale occupant pendant de nombreuses années le poste de directeur de l'Association des facultés de médecine du Canada.
de Guise Vaillancourt a été un homme qu'il faisait bon fréquenter. Toujours disponible et d'une affabilité remarquable, il accueillait ses interlocuteurs : collègues, étudiants ou membres du personnel de soutien avec un plaisir qu'il leur faisait spontanément partager. On ne peut que regretter vivement la disparition d'un homme de ce calibre.
Un peu plus tard, soit le 30 juillet, décédait un autre collègue. Cette fois il s'agissait du Dr Jean-Baptiste Boulanger de la Faculté de Médecine. Après avoir obtenu son diplôme de M.D. à Montréal en 1948, M. Boulanger entreprend à Paris des études en psychologie lors de son séjour à l'Institut de psychanalyse. Puis, il poursuit ses études en psychiatrie et en neurologie faisant successivement des stages à l'Hôpital Ste-Anne de Paris (1950 à 1953) et à la Salpêtrière (1955 à 1957).
De retour à Montréal, il se joint à la Faculté de médecine laquelle utilise ses vastes connaissances pour mettre au point, en 1963, le programme des «sciences du comportement» lequel intègre les aspects neurologiques, psychologiques et socio-culturels du comportement humain, éléments à incorporer dans la formation des futurs médecins.
L'essentiel de la contribution du Dr Boulanger se situe dans le domaine de la psychanalyse qu'il a fréquenté tout au long de sa carrière. Il participe en 1953 à la création de la Société canadienne de psychanalyse ainsi qu'à celle de l'Institut de psychanalyse, deux organismes dans lesquels il s'implique à fond, notamment à l'Institut où il agit à titre de didacticien. Le Dr Boulanger a joué un rôle de tout premier plan en psychanalyse excellant tout autant dans le champ de la théorie que dans celui de la pratique en cabinet privé. Avec lui disparaît un pionnier dans un secteur de grande importance.
Plus récemment, soit le 1er août, décédait à l'âge de 72 ans le collègue Hugh Hood du Département d'études anglaises. Après avoir fait ses études à l'Université de Toronto où il obtient un Ph.D., Hugh Hood se joint au personnel enseignant à l'Université de Montréal où il entreprend une très intéressante carrière.
Tout en participant aux activités d'enseignement et d'encadrement de ses étudiants, il consacre l'essentiel de sa carrière à l'écriture publiant une bonne trentaine de livres dont 17 romans ainsi que plusieurs nouvelles. Pendant de nombreuses années, il travaille à la préparation d'une ambitieuse série de romans : The New Age dont le dernier numéro paraîtra en septembre prochain.
La qualité exceptionnelle de ses écrits lui a valu plusieurs distinctions dont celle d'être admis, en 1988, à l'Ordre du Canada à titre d'officier. Dans les milieux informés, on compare volontiers la qualité de ses nouvelles (short stories) à celle des écrits d'Alice Monroe et de Mavis Gallant. Ne connaissant pas les travaux du collègue Hood – je l'avoue à ma bien courte honte – je me suis procuré deux de ses oeuvres en les choisissant à même une liste de 20 titres qu'offre présentement une librairie montréalaise. Voilà certes un auteur qui est lu!
Indubitablement, la communauté littéraire et le monde universitaire viennent de perdre un remarquable collègue.
Tout dernièrement, soit le 11 août dernier, décédait Jean Papineau-Couture, professeur émérite à la Faculté de musique. Dès son jeune âge, et sous la direction de sa mère, Jean Papineau-Couture s'intéresse au piano qui restera pour lui un instrument de prédilection. Après avoir obtenu son baccalauréat au Collège Brébeuf, il entreprend des études musicales qui le mènent tout d'abord au New England Conservatory of Music à Boston (B.A. en musique) puis chez Nadia Boulanger, au Longy School of Music de Cambridge (Mass.) et finalement en Californie. Lors de ces séjour, il approfondit l'oeuvre de Stravinsky laquelle marquera l'ensemble de ses créations.
La carrière professorale de Jean Papineau-Couture débute en 1946 au Conservatoire de musique de Montréal et se poursuit à la Faculté de musique de l'Université de Montréal pendant près de 50 ans. Il y occupe successivement le poste de secrétaire de la Faculté en 1952 puis ceux de vice-doyen et doyen (1967-1973). L'influence de ce collègue se fait fortement sentir tant par l'insistance qu'il apporte à la bonification des programmes d'études offerts dont, notamment, la mise au point de cours en acoustique musicale et en techniques de composition. Il fait école. Parmi ses étudiants, on compte Jacques Hétu, Gilles Tremblay et André Prévost pour ne mentionner que quelques-uns des plus connus.
La carrière de compositeur de Jean Papineau-Couture, qui débute dès 1942, se poursuit tout au long de sa fructueuse existence. Il écrit et on le joue! Voilà bien le signe de l'accueil que lui réservent ses contemporains. Et pourtant sa musique n'est pas «facile» d'accès en fait, pourquoi faudrait-il quelle le soit m'a-t-il souvent répété! – mais elle s'inscrit d'entrée de jeu dans le siècle que fut le sien. D'autres tribunes ont déjà fait état de ses activités de «grand stimulateur» d'intérêt pour la musique contemporaine notamment au sein des organismes qu'il contribua à créer et à animer.
Faut-il s'étonner qu'une carrière comme celle de Jean Papineau-Couture lui ait attiré décorations et témoignages de reconnaissance. Je n'en donnerai ici que trois exemples : l'obtention du prix Denise-Pelletier (Prix du Québec pour les arts de la scène) en 1981, admission à l'Ordre du Canada, à titre d'Officier en 1969 puis à titre de Compagnon en 1994 puis à l'Ordre national du Québec à titre de Grand Officier en 1989.
L'oeuvre de Jean Papineau-Couture conservera longtemps l'influence du dynamisme qu'il a manifesté, de ses réalisations professionnelles, de son enseignement et des nombreux ouvrages qu'il a conçus et mis à la disposition de ses contemporains ainsi que de ceux et celles qui les suivront.
Le plus récent décès à survenir (18 août 2000) est celui de Madame Rachel Beaudoin, professeure émérite au Département de nutrition de la Faculté de médecine.
Après avoir obtenu son baccalauréat ès arts, elle entreprend à l'Université Cornell des études en nutrition qui la conduisent éventuellement à l'Université Harvard où elle effectue ses travaux de doctorat sous la direction du professeur Jean Meyer de réputation internationale. De retour à Montréal elle s'emploie à faire connaître le secteur de la diététique tout particulièrement par le truchement de conférences données dans les divers établissements de santé. Puis, en 1946, elle se joint à l'Institut de diététique et de nutrition, créé en 1942, pour préparer les diététistes dont les hôpitaux francophones avaient un grand besoin.
Assumant la direction de l'Institut, devenu depuis le Département de nutrition de la Faculté de médecine, elle s'emploie à bien encadrer les membres du corps professoral initial, puis à préparer la relève en encourageant fortement plusieurs jeunes à entreprendre des études supérieures dans le domaine. Grâce à ses nombreux contacts dans les milieux professionnels appropriés, elle consolide rapidement les assises de «son» Institut.
Membre fondateur de la Corporation des diététistes du Québec et de la Société canadienne de nutrition, elle exerce une influence de premier plan sur le milieu tout autant par ses remarquables qualités personnelles – dont un charme caractéristique bien connu de ceux et celles qui l'ont fréquentée – que par la compétence évidente avec laquelle elle pilote ses dossiers.
Son importante contribution a été plus d'une fois reconnue. Je n'en donne ici que deux exemples : le prix Earl W. Crampton et le prix ROSS pour l'ensemble de son oeuvre dans le domaine de la diététique et de la nutrition.
Rachel Beaudoin a fait partie de cette génération qui s'est employé à «bâtir» l'Université. Elle l'a fait dans un secteur qui était plutôt en friche, initialement, mais qui, depuis, a acquis une importance primordiale. Bravo à une pionnière de tout premier calibre!
Où il est question de démutualisation
La question des retombées découlant de la démutualisation de la Compagnie d'assurance Industrielle-Alliance (IA) continue d'être à l'ordre du jour des préoccupations du Conseil de l'Association. En effet, les professeurs retraités sont potentiellement bénéficiaires des retombées de ladite démutualisation dans deux dossiers d'assurance-vie, à savoir :
une police détenue par l'Université de Montréal pour l'ensemble des personnels (actifs ou retraités) de l'établissement : participation obligatoire;
une police détenue par le Syndicat général des professeurs de l'Université de Montréal (SGPUM) : participation facultative.
Le premier dossier, à propos duquel je vous ai déjà écrit des paragraphes bien sentis, est encore dans une période d'attente. Les parties en cause : l'Université, d'une part, et le consortium des syndicats d'autre part, ne se sont pas encore entendues sur la façon de partager le montant disponible.
Le second dossier est sur le point de connaître un dénouement. La démutualisation a engendré un montant de 49 707$ lequel doit être distribué entre les 143 cotisants – dont une centaine de personnes retraitées – dûment inscrits dans les registres du SGPUM le 30 avril 1999. Suite à des échanges intervenus avec le SGPUM, le Conseil de l'APRUM a accepté que les montants à verser aux ayants droit soient déterminés selon une formule aussi équitable que possible dans les circonstances. Je vous reviendrai à ce sujet dès que les modalités de l'opération seront précisées. De son côté, le SGPUM contactera directement chacune des personnes susceptibles de recevoir une partie de ce «pactole». Enfin, n'exagérons rien!
Si d'aventure vous ne savez pas si vous faites partie du groupe en question, consultez le document CONFIRMATION DE DéPôT que vous remet périodiquement la Fiducie Desjardins. Si un montant est prélevé (colonne détail du paiement) à l'item SGPUM, alors vous en êtes. Sinon oubliez ce dossier.
Et maintenant, quoi de neuf?
Le Conseil a été plutôt actif au cours des derniers mois. Il a tenu deux séances, soit projeté a été considérée en priorité. Un Comité a été mis sur pied qui, sous la présidence de Jacques Boucher, devrait être en mesure de préciser d'ici l'automne les balises devant guider ledit Bulletin dans ses premiers pas. «Patience et longueur de temps ...».
La réception du temps des fêtes aura lieu le mardi le 5 décembre prochain à 17:00 dans le Hall d'honneur du Pavillon principal. Vite, notez cette date dans votre calepin privilégié. D'ailleurs, tenez ce calepin bien ouvert pour y inscrire les dates des déjeuners du 3ième jeudi du mois, au restaurant Chez Lévêque, 1030 Ouest Laurier. Il s'agit du 21 septembre, du 19 octobre et du 16 novembre. Les personnes qui s'y sont présentées ont constaté que l'expérience en valait la peine. Vous êtes sceptique? Alors, venez vérifier par vous même en compagnie, si possible, de collègues de votre unité de rattachement.
L'APRUM continue de tenir à l'oeil les dossiers relatifs au Régime de rentes et à l'assurance-santé. L'on vous tiendra au parfum au moment approprié.
Nous voici rendus à la fin d'un été qui, en vérité, n'en a pas été un. Mais tout cela n'a que peu d'importance.
Ma cordialité vous est acquise.
Jacques St-Pierre
Président
JSP/fsp